Depuis la dernière réunion de la Banque Centrale Européenne, plusieurs signes, notamment en termes d’indicateurs macroéconomiques, ont laissé à penser que l’économie de la zone euro a atteint son plus bas. Les données plus faibles ont commencé à s’améliorer faiblement, notamment les PMI des pays core, les taux de rendement des pays périphériques ont commencé à se réduire et l’argent en circulation dans l’économie a cru de manière rapide. De grande importance, la croissance de l’agrégat monétaire M1 (qui regroupe le total des pièces et billets en circulation) est passée de 5% en septembre à 6.4% en octobre, ce qui pourrait confirmer un rebond économique de l’euroland dans les six mois à venir. Lors d’une conférence à Paris le 30 octobre, Mario Draghi a d’ailleurs abondé dans ce sens, affichant son optimisme concernant le futur de la zone euro.
Dans un tel contexte, le conseil des gouverneurs de la BCE va certainement décider de garder ses cartouches pour plus tard. Certains parmi les membres du conseil vont probablement plaider pour plus d’assouplissement mais il semble peu probable que les autres membres suivent alors que l’économie européenne semble avoir atteint un palier à partir duquel elle ne peut que rebondir.
De fait, de nouvelles mesures ne devraient pas être annoncées à l’occasion de cette dernière réunion de l’année et le langage employé par la BCE et Mario Draghi devraient logiquement trahir l’optimisme d’une partie croissante des économistes.
Un assouplissement plus conséquent pourrait par contre intervenir à court terme via l’activation du fameux programme OMT. L’annonce de ce programme a eu un tel effet sur le marché obligataire en réduisant substantiellement les spreads que son activation ne semble pas pour le moment nécessaire. A terme, toutefois, certaines nouvelles négatives en provenance de l’Espagne (au sujet des banques, de l’indépendance régionale ou encore du marché immobilier) pourraient affoler les investisseurs et provoquer une mini-crise obligeant Madrid à faire appel au MES et à la BCE. Autrement, le programme de la BCE n’aura pas besoin d’être activé. En tout cas, il apparait que ce programme est jusqu’à présent l’un des plus grands succès de l’institution de Francfort.
Par ailleurs, comme anticipé par la BCE, l’économie de la zone euro devrait progressivement se redresser l’an prochain. Le taux directeur de la banque centrale devrait au moins rester à son niveau actuel jusqu’en 2015 afin de permettre à l’économie de se rétablir. Ce n’est que par la suite qu’une hausse des taux, très progressive, est anticipée.
Toutefois, si l’excès de liquidités chute brutalement (actuellement à 600 milliards d’euros), alors la BCE sera contrainte d’agir rapidement avec un nouvel assouplissement, ce qui devrait intervenir autour de février ou mars prochain. Un nouvel assouplissement pourrait se traduire par une baisse du taux de réserve obligatoire des banques par exemple. Cependant, pour qu’il y ait chute, il faudrait que l’excès de liquidités tombe sous 200 milliards d’euros ce qui semble peu probable à l’heure actuelle.
Dans l’état actuel des choses, la BCE devrait donc surtout chercher à maintenir le cap. La réunion d’aujourd’hui va surtout permettre de confirmer les projections de croissance et d’inflation de l’institution avec une hausse de 0.1% du PIB en 2013 et de 1% en 2014 alors que l’inflation devrait tomber progressivement sous 2% fin 2013/début 2014.
L’impact sur le marché des changes de cette réunion sera assez infime, notamment sur l’eurodollar. Les cambistes ont normalement déjà anticipé dans les cours une croissance sur le retour mais encore faible et l’absence de baisse des taux directeurs. Les enjeux ne sont donc pas très importants. La BCE ne fera pas de cadeau de Noël anticipé aux marchés financiers.