Chypre est devenu en l’espace de seulement quelques jours le centre du monde pour les responsables économiques, financiers et politiques. Au cours du week-end, le gouvernement chypriote et la Troïka ont trouvé un accord pour renflouer le troisième plus petit pays de la zone euro. Cet accord est très différent de ceux qui ont jusqu’à présent émaillé l’histoire récente de l’Union monétaire, dans le tourment de la crise de la dette. En effet, pour la première fois, il est question de ponctionner une partie des dépôts bancaires (certains parleront de “confiscation”) afin de renflouer les caisses de l’Etat.
Selon la première version de l’accord, les dépôts inférieurs à 100 000 euros seront taxés au taux de 6.75% tandis que les comptes plus importants le seront à 9.9%. Par ailleurs, une augmentation de la taxe sur les entreprises a été demandée, qui passerait de 10% à 12.5%.
On peut évidemment se demander comment un si petit pays, avec une économie qui ne représente que quelques pourcentages du total de la zone euro, pourrait avoir un réel impact sur l’industrie du forex.
C’est oublier que Chypre a bâti sa croissance économique au cours de la dernière décennie sur une mélange d’indépendance financière, de faible taxation et de relativement simple bureaucratie. De part sa position géographique idéale, à la conjonction des marchés internationaux en Europe et au Moyen-Orient, Chypre est devenu en l’espace de quelques années la destination favorite d’entreprises du secteur financier qui souhaitent pouvoir faire leurs premiers pas en Europe, c’est notamment le cas de nombreux brokers forex ou options binaires.
A l’heure actuelle, l’organisme de régulation chypriote, la CySEC, supervise environ trente entreprises forex et plus de soixante demandes de régulation sont en cours de traitement. Il arrive très souvent que des brokers cherchent à échapper les restrictions très conséquentes imposées par l’organisme de régulation américain, la CFTC, pour s’installer à Chypre et bénéficier d’un climat réglementaire plus clément dans le cadre de l’Union Européenne.
Bien que l’accord est encore en cours de discussion et qu’une fronde semble se préparer au sein du parlement chypriote pour contester l’imposition des dépôts, de nombreux brokers commencent à envisager sérieusement les possibles conséquences d’une taxation des comptes bancaires. Plusieurs scénarios sont envisageables pour les brokers, comme la diminution des fonds des clients déposés dans les banques à Chypre.
Bien sûr, les brokers devront toujours respecter le montant minimum de capital exigé par la CySEC mais certains brokers espèrent que l’organisme de régulation chypriote fera preuve pendant au moins un certain temps de mansuétude.
Le vrai problème pour l’industrie forex chypriote, c’est la crainte qu’on assiste à une panique de la part des clients qui se ruent pour liquider leurs comptes de trading pendant que d’éventuels nouveaux clients vont s’abstenir d’ouvrir un compte avec un broker chypriote par peur de l’instabilité financière de l’île. Pour l’instant, les clients des brokers forex ont gardé leur sang froid mais si la crise s’intensifie, on ne peut pas exclure ce scénario catastrophe qui fragiliserait alors un autre pans de l’industrie financière chypriote.