Il n’est pas si loin le temps où l’euro dépassait, au grand dam de la plupart des dirigeants de la zone euro, le seuil psychologique de 1,60 dollar sur le Forex.
En atteignant jeudi dernier son plus bas niveau depuis le 25 mars 2008 face au dollar, la monnaie unique européenne a dû faire des heureux du côté des politiciens et industriels. Cette baisse de l’euro est à l’heure actuelle plus l’effet de la vitalité récente du dollar que des inquiétudes concernant les perspectives de croissance dans la zone euro.
Certes, l’euro avait entamé la semaine en regagnant du terrain face au dollar mais ce fut seulement l’espace d’une journée. En effet, dès mardi, la monnaie unique européenne a commencé sa chute face au dollar alors que les prévisions concernant l’inflation pour l’année en cours ont été revues à la baisse par la Commission Européenne et que les perspectives concernant la croissance n’ont cessé de s’assombrir.
En fait, dès mardi, le dollar a été soutenu sur le Forex par la perspective de la réunion du Comité de politique monétaire de la Réserve Fédérale. L’augmentation plus forte que prévue de la croissance aux Etats-Unis au premier trimestre, conjuguée à un gain de 10 000 emplois dans le secteur privé au mois d’avril alors que les analystes attendaient une perte de 60 000 emplois, a précipité le rachat de dollars par les traders avant la baisse attendue des taux.
Cette baisse est intervenue comme prévu mercredi, établissant le taux directeur de la Fed à 2%. Le communiqué final a pour la première fois fait état d’une certaine forme d’optimisme puisque la Fed n’a pas laissé entendre cette fois que la situation pouvait venir à s’aggraver, ce qui a laissé courir la rumeur selon laquelle les Etats-Unis seraient en période de sortie de crise. Par ailleurs, les risques concernant l’inflation ont été soulignés et caractérisés d’ « élevés ».
Dans un tel contexte, il est légitime de s’attendre à une pause dans la politique d’assouplissement monétaire suivi par la Fed depuis septembre, ce qui permet une remontée du dollar face aux principales devises sur le marché des changes.
Reste à savoir quel sera le calendrier. C’est en effet sur ce point que la semaine dernière s’est conclue. La majorité des traders attendent un statu quo lors de la réunion de juin, statu quo qui pourrait être brisé par une baisse d’un quart de point lors de la réunion d’août. Bien sûr, il faut rester prudent dans l’état actuel des choses sachant que ces projections portent sur le moyen terme. La situation économique outre atlantique peut en effet évoluer et il faudra aussi s’attendre à un mouvement du côté de la BCE.