En ce début d’année, les spéculations vont bon train sur la politique monétaire que va suivre le nouveau chef de la BCE. Présenté comme moins obtus que son prédécesseur Jean Claude Trichet, que certains accusent un peu trop facilement d’avoir mal appréhendé la crise souveraine, l’italien a déjà marqué en l’espace de deux mois une véritable rupture avec la politique du français.
Si la majorité des analystes mondiaux s’attendent à ce que Mario Draghi respecte au cours de son mandat les traités, comme il l’a lui-même affirmé, d’autres analystes, notamment à Londres, espèrent que l’ancien gouverneur de la Banque d’Italie va franchir le Rubicon.
Par franchir le Rubicon, il faut comprendre s’émanciper des traités pour, dans les deux mois à venir, baisser les taux à 0.5% avant de s’orienter vers ce que la Fed et la BoE ont déjà commencé depuis longtemps, c’est-à-dire une vraie politique d’assouplissement quantitatif, qui ne se limiterait pas à quelques achats de dettes souveraines des pays en difficulté.
Cependant, pour le moment, l’Italien semble peu prompt à une telle manoeuvre, ayant déclaré récemment son refus de recourir à la planche à billets pour lutter contre la crise, évitant ainsi d’entamer un bras de fer dangereux avec la Bundesbank.
Mais, si l’intensification de la crise, comme prévu, a lieu, la BCE sera peut-être contrainte à des mesures extraordinaires et non orthodoxes.