A peine élu, Barack Obama va emprunter la bagatelle de 825 milliards de dollars pour panser les plaies de l’économie américaine ce qui va porter la dette publique américaine à 70%, soit un record, et le déficit budgétaire à 8%. Une telle explosion des dépenses publiques, même si elle s’avère certainement inévitable en cette période de crise aigüe, éveille les inquiétudes de nombreux acteurs du marché des changes.
Certes, aucun ne voit en l’euro une façon d’échapper à la crise. Nul n’est dupe sur les perspectives économiques de la zone euro et sur le sort, apparemment inévitable, de la monnaie unique européenne sur le marché des changes. Cependant, étant donné qu’à part le yen, nul autre devise ne semble en mesure d’avoir les faveurs des investisseurs, ces derniers commencent quand même à s’interroger sur la pérennité de leur placement. Il suffit d’ailleurs de sillonner certains forums dédiés au marché des changes pour constater que les inquiétudes liées à un krach du dollar sont vivaces.
Toutefois, une telle crainte semble injustifiée. Certes, la dette privée, tant des entreprises que des particuliers, est énorme mais, pour le moment, les Etats-Unis ont encore largement les moyens pour emprunter de l’argent. En effet, il suffit aux américains qu’ils se tournent vers les chinois. Ce n’est pas, bien sûr, par charité que la Chine accepte si volontiers, tout comme le Japon, d’acheter les bons émis par le Trésor américain. En fait, la Chine est coincée car, d’une part, elle ne peut pas permettre une dévaluation du dollar suite à un effondrement de l’économie américaine, sous peine de voir sont trésor de guerre fondre comme neige au soleil et, d’autre part, elle exporte 25% de son PIB vers les Etats-Unis. Un effondrement de l’économie outre atlantique hypothèquerait lourdement la croissance en Chine qui est déjà en perte de vitesse à cause de la récession mondiale et accroîtrait les tensions sociales.
Toutefois, même si l’optimisme est de rigueur, la Chine ne pourra pas indéfiniment prêter aux Etats-Unis, notamment en raison du financement de son propre plan de relance qui s’élève à près de 455 milliards d’euros. Si les Etats-Unis ne trouvent personne d’autres pour financer leur déficit, un assèchement du crédit et une hausse des taux d’intérêt, qui serait évidemment préjudiciable pour les entreprises, pourraient se profiler à l’horizon. Dans ce cas-ci, le Trésor serait contraint de recourir à la bonne vieille méthode de la planche à billet afin d’effacer les dettes. Cependant, le revers de la médaille serait une inflation galopante faisant brutalement sombrer le dollar sur le marché des changes. Soyons sûr que le nouveau secrétaire au Trésor, Tim Geithner, fera tout pour éviter un tel scénario, lui qui a déjà réaffirmer son soutien à la politique du dollar fort.