Nombreux sont les économistes et analystes devises qui s’attendent à ce que la FED annonce demain une baisse du montant de ses rachats d’actifs mensuels de bons du Trésor et de MBS (Mortage Backed-Securities). Depuis le début de l’été, le marché des changes bruisse de rumeurs concernant la sortie des mesures non conventionnelles avec des effets déjà perceptibles sur certaines monnaies, comme celles des pays émergents.
Toutefois, tous les économistes ne sont pas d’accord avec ce scénario, notamment ceux qui travaillent pour Bank of America. Selon eux, la sortie du quantitative easing a plus de chances de se produire à partir du mois de décembre plutôt qu’en septembre. Les arguments contre un changement de politique monétaire cette semaine sont nombreux: les récents indicateurs macroéconomiques ont été plutôt médiocres par rapport aux attentes et la FED va devoir, avant de se lancer dans le processus difficile d’un retour à la normale, influencer davantage sur les anticipations des agents économiques et réduire l’émergence de nouveaux risques qui pourraient contrecarrer les efforts menés depuis 2008.
Le marché des changes pourrait avoir une réaction assez abrupte si la banque centrale décide de réduire ses rachats d’actifs alors que l’économie américaine, dans son ensemble, est encore loin d’afficher d’excellentes performances. D’ailleurs, la réunion du FOCM devrait être l’occasion pour ses membres de réviser les perspectives de croissance à la baisse pour 2013 avec une activité économique qui devrait rester fragile au moins jusqu’en 2016. Le taux de chômage et le taux de participation pourraient aussi faire l’objet de révisions qui vont inciter la FED à la plus grande prudence.
Si toutefois la réduction des rachats d’actifs devrait avoir lieu cette semaine, elle serait dans des proportions très faibles et constituerait surtout un signal pour les investisseurs que le retour à une politique monétaire conventionnelle est en cours. Il serait alors probable, toujours dans ce scénario, que la FED décide en priorité de réduire ses rachats de bons du Trésor plutôt que les MBS étant donné que le secteur immobilier demeure dans une phase difficile outre-Atlantique.
Pour le marché des changes, l’absence de changement de politique monétaire ou l’amorce d’un lent retour à la normale ne devraient au final provoquer que peu de remous sur les devises majeures. En revanche, les monnaies des pays émergents vont continuer dans les prochains mois à être pénalisées du fait d’un retour vers les valeurs traditionnelles des cambistes sous l’effet d’une hausse de l’activité dans la Triade.