Le Bitcoin a connu des hausses historiques ces derniers mois, et la plupart des économistes craignent une bulle spéculative.
Son cours dépend de la géopolitique, la Chine et la Russie ont une position équivoque à son sujet.
500 % de hausse au cours de l’année 2017: Le bitcoin est reparti très fort, après les innombrables annonces de sa mort. En début d’année, la plus célèbre des crypto-monnaies valait à peine 1.000 dollars à l’unité. En août, elle dépassait les 4.000. Vendredi dernier, le bitcoin passait pour la première fois la barre des 6.000 dollars. Record battu.
Si la valeur est un peu redescendue depuis (5.914,69 dollars pour 1 bitcoin ce lundi), cette inflation exceptionnelle interroge sur les limites du développement de cette monnaie.
Bitcoin rencontre un réel engouement auprès de ses utilisateurs. En effet, cette monnaie permet de contourner les frais bancaires et sécurise les transactions sur internet. Pourtant, dans le même temps, Bitcoin n’est pas une monnaie concrète et reste donc largement non régulée.
Alors, le Bitcoin, fantaisie de geeks, monnaie 2.0 ou dangereuse zone grise? Peut-être encore un peu de tout ça à la fois. Une “e-monnaie” créée à partir de morceaux de codes informatiques complexes générés automatiquement par ordinateur, un processus appelé “frappe” et qui peut en théorie être dupliqué par n’importe quelle personne possédant un ordinateur. Une fois créés, les Bitcoins sont stockés sur le disque dur de l’ordinateur de leur propriétaire dans un porte-monnaie virtuel et peuvent être échangés avec un tiers. De tels échanges se font sans passer par les banques et restent anonymes. Mais ils sont risqués: en juin 2011, des hackers s’en sont pris à des porte-monnaie virtuels qu’ils ont vidés à l’insu de leurs propriétaires.
Bitcoin est, pourrait-on dire, une monnaie complémentaire “chimiquement pure”: elle est universelle, accessible à tous (il suffit d’une connexion Internet), sous le contrôle d’aucun État ou entreprise, totalement indépendante du système bancaire, autorégulée, sécurisée et à la création monétaire contrôlée et limitée. Bitcoin résout également d’un coup tous les problèmes liés à une monnaie matière première: authenticité des transactions, instantanéité des échanges, divisibilité, homogénéité, stockage.
Quel avenir pour Bitcoin?
Bitcoin en tant que monnaie légitime a nombres d’inconvénients:
1. Bitcoin possède une faible confiance en tant qu’unité de compte, son cours est très volatile. Or c’est la stabilité du change et de l’inflation qui forgent la confiance.
2. Ne transitant pas vers des intermédiaires financiers, Bitcoin ne peut pas être considéré comme une réelle réserve de valeur et d’épargne à cause de la garantie des dépôts. Certes, on peut imaginer une valeur refuge mais comment garantir sa valeur, à quel taux et auprès de qui?
3. Bitcoin peut être un instrument de transactions, du moins partiellement, mais cela pose la question de la garantie de la sécurité des transactions par un organisme indépendant
4. Surtout, plus que toute autre monnaie, Bitcoin est exposé aux phénomènes de krach. Avec un cours qui s’est envolé ces dernières semaines, il faut garder à l’esprit qu’il a, par exemple, perdu 50% de sa valeur au cours de la seule journée du 9 avril dernier. Depuis la monnaie a repris de la vigueur, mais les experts mettent en garde contre une bulle spéculative qui risque d’éclater, ce qui devrait à court terme empêcher Bitcoin d’avoir une assise plus grande et de devenir une monnaie légitime.