Connaître le fonctionnement du marché passe aussi par en connaître les rouages. Le livre de Robert Schiller, intitulé « L’exubérance irrationnelle », est certainement l’un des meilleurs guides en la matière, offrant, dans un langage aisé à comprendre, les outils pour une réflexion plus approfondie. Cet ouvrage, bien qu’il ne traite pas directement du marché des changes ouvre néanmoins un champ de perspectives très intéressantes pour les traders du Forex.
1. Biographie
Robert Schiller est professeur d’économie à l’université de Yale. Durant les années 80, ses travaux novateurs ont beaucoup marqué la réflexion économique. Pour certains observateurs avisés, le krack d’octobre 1987 a d’ailleurs offert une réelle crédibilité à ses travaux.
2. La théorie de l’ « exubérance irrationnelle »
S’inscrivant dans un courant de pensée faisant appel à l’analyse sociologique, il prétend que les décisions d’investissement sur un marché relèvent plus d’une logique émotionnelle que d’une logique rationnelle. Que ce soit dans une économie ouverte ou fermée, les marchés et les acteurs économiques n’adoptent pas un comportement rationnel.
Prenant appui sur les bulles spéculatives, Schiller propose douze facteurs déclencheurs afin d’expliquer ces phénomènes. Parmi les facteurs les plus importants, il souligne notamment le trading en ligne et la mondialisation des marchés qui permet une interconnexion des acteurs et permet aux investisseurs d’avoir accès à des sources d’informations en instantanée. Des agences, comme Bloomberg ou encore l’AFP offrent justement de telles informations. Cependant, du fait de ce phénomène, les acteurs du marché sont rapidement pris dans une logique d’imitation irrationnelle les incitant à se porter sur les mêmes actifs, ce qui peut engendrer des bulles. Appliqué au marché des changes, cette théorie est très intéressante. Ainsi, en période de crise, les acteurs se réfugient tous sur les mêmes valeurs, à l’heure actuelle le dollar, sans prendre en considération la situation réelle de l’économie américaine. Si les acteurs étaient rationnels, le dollar ne profiterait certainement pas de tels mouvements de capitaux et les investisseurs se reporteraient sur d’autres devises ou sur d’autres actifs plus sûrs. Cependant, des croyances entrent en jeu, comme le fait que le dollar, en dépit du déficit américain, est une valeur sûre puisque le gouvernement américain garantira toujours la solidité sa devise.
3. Les enseignements de la théorie au regard de l’actualité
L’ouvrage de Robert Schiller est particulièrement intéressant au regard de la crise économique actuelle. En effet, ses travaux, qui ont notamment eu trait aux bulles spéculatives, ont surtout mis en avant l’irrationalité des acteurs économiques et notamment des investisseurs. Ainsi, les phénomènes de type Madoff, qui furent révélés par la crise, n’ont rien de nouveau d’après Schiller. En effet, la crise actuelle n’est en fait que la répétition, sous des formes différentes, des crises précédentes puisque les acteurs économiques n’ont pas tiré d’enseignement des précédentes crises. Selon Schiller, la seule raison qui peut être avancée pour expliquer ce phénomène est l’irrationalité des acteurs économiques.