L’avertissement de l’agence de notation Moody’s selon lequel la récession économique dans les pays d’Europe de l’Est pourrait avoir un impact négatif important sur les économies d’Europe de l’Ouest, a provoqué depuis lundi un mouvement de rapatriement des fonds qui a fortement contribué à la chute des devises de la région. Le zloty, le florin hongrois, la couronne tchèque et le rouble continuent d’ailleurs toujours leur dégringolade face à la monnaie unique européenne à l’heure où nous écrivons ces lignes. Ainsi, à titre d’illustration, le rouble, qui était parvenu à se redresser timidement la semaine passée face aux monnaies étrangères, a repris son cycle de baisse, se rapprochant dangereusement du plafond fixé par la banque central russe fin janvier, à 41 roubles.
Outre les conséquences immédiates sur le taux de change de la monnaie unique européenne, en raison de la forte corrélation entre les deux parties du continent européen, la chute des devises d’Europe de l’Est devrait apparemment hypothéquer pour un certain temps l’adoption de l’euro.
En effet, comme l’a rappelé le gouverneur de la banque centrale polonaise, Slawomir Skrzypek, dans une interview donnée au quotidien Rzeczpospolita, la Pologne n’est pas prête à adopter en temps voulu l’euro en raison de la forte dépréciation des derniers jours de la devise nationale. En effet, « le cours du zloty n’est pas suffisamment stable pour pouvoir entrer dans le système ERM2 ». Le mécanisme de change européen EMR2 prévoit l’évolution du taux de la monnaie nationale d’un pays candidat dans une fourchette de plus ou moins 15% pendant au moins deux ans avant l’adoption de l’euro, critère que ne remplit pas, en raison de la crise économique mondiale, le zloty pour le moment.
Afin d’aider les pays émergents d’Europe de l’Est à franchir le cap de la crise, l’Autriche propose un plan européen coordonné d’aide aux banques et aux pays de l’Est, plan qui pourrait, en raison du contexte actuel, avoir un plus grand écho que lors de sa présentation il y a plusieurs semaines.
En attendant, les banques centrales de Russie, de Pologne et de République Tchèque ont indiqué réfléchir à des mesures concrètes pour défendre leur devise. Seule la banque centrale de Hongrie ne s’est pas encore prononcée à ce sujet.