Conscient de sa chance, Varsovie, qui a essentiellement les yeux braqués désormais sur l’inflation, n’est pas pressé d’intégrer la zone monétaire de l’euro. L’entrée dans l’UE en 2004 était un objectif politique, afin de rattacher de nouveau la Pologne, à l’Europe des Lumières. Immédiatement, la question de l’intégration à la zone euro fut posée, sans réel enthousiasme, puisque le zloty, la monnaie polonaise, offre une certaine stabilité au pays.
La Pologne, à marche forcée, va intégrer la zone euro mais l’actuelle crise souveraine lui offre, pour la deuxième fois, une opportunité inédite de faire marche arrière. « Nie » (« Non » en polonais), c’est le message qui est envoyé depuis plusieurs mois par Varsovie. C’est d’abord le gouvernement qui a refusé de fixer une date éventuelle à l’entrée du pays dans la zone euro et maintenant, aussi la banque centrale, puisque le gouverneur Marek Belka, un temps pressenti pour postuler à la tête du FMI, a reconnu dans une interview la semaine dernière qu’il est encore trop tôt pour fixer une date. Il a même jugé l’idée « frivole », ajoutant que la zone euro a encore beaucoup à faire avant de pouvoir accueillir de nouveaux entrants.
En effet, la crise souveraine a mis clairement en lumière les défaillances au niveau institutionnel de la zone euro. Ces défaillances sont telles que le français Jean Claude Trichet a même suggéré de créer un vaste ministère des Finances européens, idée qui fut très peu commentée en France, tant elle peut soutenue.
Entre-temps, la Pologne regarde et attends. Le ministre des Finances polonais a suggéré que son pays pourrait entrer dans la zone euro sûrement autour de la fin de la décennie ou au début de la prochaine. Une éternité en somme.