Bien que les valeurs refuge s’affichent en baisse depuis plusieurs semaines du fait du retour du goût pour le risque des investisseurs, le dollar semble depuis quelques séances faire une pause qui rassure les analystes du marché des changes. En effet, alors que le yen a dégringolé ce matin face aux autres monnaies, le dollar a seulement commencé à glisser dans la nuit face à l’euro sous l’effet de la réunion des BRIC à Ekaterinbourg et de la publication de l’indice ZEW qui mesure les attentes économiques des milieux financiers outre-Rhin.
Cependant, les analystes du marché des changes ont remarquablement noté que le dollar a à peine sourciller à l’issue de la réunion des BRIC qui, pour faire simple, s’est terminée sur le constat que la devise américaine n’a pas joué son rôle pendant la crise, appelant donc à une diversification des devises de réserve internationales. Il y a à peine quelques semaines, une telle déclaration aurait eu pour conséquence un net décrochage du dollar face aux autres devises, décrochage qui n’eut pas lieu cette fois.
Pour cause, personne n’est dupe sur le marché des changes : les BRIC n’ont aucun intérêt à « démolir », pour reprendre le terme utilisé par Arkadi Dvorkovitch, le dollar pour rentrer dans la cour des grands. En effet, en agissant ainsi, les BRIC se tirent une balle dans le pied puisque la Chine et la Russie, à eux seuls, détiennent déjà plus des deux tiers des 6700 milliards de dollars de réserves de change mondiales. Une telle stratégie ne serait donc pas payante.
Par conséquent, les joutes oratoires ne semblent plus avoir d’effet sur le cours du dollar et certains analystes se risquent même déjà à évoquer un rebond de la devise américaine. Ainsi, les économistes d’Aurel BGC prédisent que le dollar pourrait terminer l’année à 1,25 pour un euro. D’une part, les incertitudes entourant l’évolution des indices boursiers pourraient jouer en faveur du dollar et, d’autre part, comme l’ont souligné les chiffres de l’immobilier publiés hier, les Etats-Unis sont sur la bonne voie et devraient sortir de la crise avant les économies européennes.
Toutefois, c’est également oublier le fardeau de la dette américaine qui pèse, comme l’a récemment rappelé Ben Bernanke, sur le moral des investisseurs. Hier encore, des rumeurs rapidement démenties par la Fed évoquaient la possibilité d’une monétisation de la dette publique américaine.
Si l’avenir du dollar est encore incertain, une chose est sûre, il devrait profiter dans l’immédiat des rumeurs de relèvement des taux de la Réserve Fédérale puisque les prix à la consommation aux Etats-Unis sont restés particulièrement sages au mois de mai, n’augmentant que de 0,1%.