Tout le monde le voit, le dollar se trouve maintenant depuis de nombreuses années sur une pente glissante face à toutes les principales devises mondiales. Les banques centrales de nombreux pays asiatiques, de Suisse, d’Israël et d’autres encore sont occupées à acheter des dollars, le G20 discute de remplacer le dollar par une autre monnaie de réserve internationale et il ne passe pas un jour sans qu’ici ou là, un économiste ne fasse sa proposition de réforme du marché des devises, le plus grand marché de la planète.
Personne ne conteste le fait que la crise économique a affaibli le dollar. La baisse du taux d’intérêts prime sur le dollar à un niveau sans précédent de presque 0%, l’incroyable expansion monétaire qui a jeté sur les marchés des trillions (!!!) de dollars et le déficit phénoménal des Etats-Unis dans sa balance commerciale et des paiements, également des plusieurs trillions de dollars, ont forcément affaibli le dollar en termes réels, et il ne pouvait en être autrement.
Les beaux discours de Bernanke , de Geithner ou même ceux d’Obama, ne peuvent être d’aucun secours face à cette situation. En revanche, on peut concevoir que des actions concertées et drastiques améliorent la situation du dollar. On pourrait par exemple augmenter drastiquement le taux d’intérêts sur le dollar, imposer de lourds impôts aux Etats-Unis ou alors d’autres mesures de ce genre. Il va sans dire que ce genre de mesures causeront du tord à l’économie réelle et freineront la sortie de la crise et donc on peut comprendre que le gouvernement et les autorités économiques et financières aient préférés un dollar faible à la récession. Le problème essentiel est que le statut du dollar est important pour la santé et la stabilité des échanges internationaux. Un dollar faible à terme poussera la communauté internationale à lui chercher une alternative, ce qui se traduit par ce que nous avons dit en ouverture de cet article, soit la recherche d’une alternative au dollar.
En refusant d’accepter que les temps ont changé et que le dollar ne peut plus dans les conditions actuelles faire figure de devise de réserve du système international, les Etats-Unis ne font que repousser l’inévitable et lui causent du tort pour des raisons de prestige, avant tout. En effet, les sociétés qui travaillent en dollar, et c’est la majorité du commerce international qui est dans ce cas, encourent des risques non-négligeables pour des raisons qui n’ont essentiellement rien à voir avec leur activité, et se voient obligées de consacrer du temps, de l’énergie et des ressources financières à la limitation des risques monétaires en provenance du marché des devises, au lieu de s’occuper de produire et de vendre leurs produits et/ou leurs services.
Les marchés financiers et l’économie réelle détestent le manque de stabilité et l’incertitude, d’où des pertes qui, à l’échelle mondiale, sont considérables, puisque qu’on ne peut pas produire et commercer normalement dans ces conditions.
De nombreux économistes, y compris des prix Nobel d’économie comme Stiglitz et Krugman, ont déjà proposé des alternatives, comme le SDR, qui est essentiellement un panier des principales monnaies mondiales. On pourrait aussi concevoir, même si cela n’est pas réaliste aujourd’hui, une monnaie mondiale unique sur le modèle de l’Euro. D’une manière ou d’une autre, il faut trouver une solution pour que le dollar cesse d’avoir la primauté absolue qu’il a aujourd’hui, aux dépends de l’économie mondiale.