Depuis plusieurs mois, comme nous l’annonçions dans notre article “Le yen et la dette souveraine japonaise” publié en mai dernier, le Japon est sous pression pour enfin s’attaquer à la question des déficits alors que le pays fait face à une croissance presque atone en raison de la déflation rampante qui mine l’économie. Cependant, en raison d’une incurie totale des pouvoirs politiques, aucune mesure prise n’a suffi à rassurer les marchés et ce n’est pas l’annonce récente faite par Tokyo qui a permis d’éviter une dégradation de la note souveraine.
Immédiatement après cette annonce, le yen a opéré un dégringolade spectaculaire face au dollar et à l’euro. L’euro a grimpé de plus de 100 pips en l’espace de seulement quelques minutes, à 113.56 yens tandis que le dollar américain a bondi à 83.20 yens alors qu’il était quelques minutes auparavant à peine au-dessus de 82 yens.
L’affaiblissement du yen est toutefois bien accueilli par Tokyo qui avait pris des mesures spectaculaires cet automne afin de préserver les parts de marché des entreprises exportatrices du pays, parts qui diminuaient en raison de la force de la monnaie nippone.
Cependant, cette annonce a eu un effet boule de neige en Asie. Ainsi, le dollar australien a chuté à un plus bas de deux mois face à l’euro, à 1.3804 et à un plus bas de deux jours face à l’USD, à 0.99. La chute de la devise australienne s’est aussi répercutée face au NZD, l’AUD atteignant un plus bas de neuf jours face à la devise néo-zélandaise qui est pourtant affaiblie sur le marché des changes. Autre victime des déboires du Japon, la roupie indienne. En effet, les gains de la devise ont été très limités ce matin face à l’euro en raison de l’annonce de Standard & Poor’s.
La soirée d’hier s’est terminée par une note assez négative: la Fed a une nouvelle fois déçu les investisseurs, affirmant dans le communiqué publié à la fin de la réunion du FOMC que les taux risquent d’être bas pendant encore longtemps. Aucune remise en cause du programme de rachats de titres n’est pour l’instant d’actualité mais il est probable que Ben Bernanke soit mis en difficulté lors de sa prochaine audition devant le Congrès américain. Nombreux sont les parlementaires qui s’inquiètent du dispendieux programme mis en place qui n’apporte pas les fruits escomptés, notamment sur le marché de l’emploi.
Enfin, la Norges Bank a maintenu comme prévu son principal taux directeur à 2%, en raison d’une inflation faible, à 1.5% alors que la cible de la banque se situe à 2.5%, et à cause des inquiétudes pesant sur la question de la dette dans la zone euro. Pourtant, la crise de la dette semble s’atténuer dans la zone euro et se déplacer désormais au Japon et aux Etats-Unis, autres membres de la Triade. Le maintien sur plusieurs mois de taux à 2% devrait en tout cas limiter la marge d’appréciation de la couronne norvégienne face à la monnaie unique européenne.