Alors que l’on a pu constater un ralentissement économique mondiale du fait de la crise financière (croissance de la France: -2.2%, croissance des Etats-Unis: -2.4%), l’Australie affichait une croissance positive (2.7%) pour l’année 2009. Ce pays continue à afficher une bonne santé financière (4% de croissance pour l’année 2012) et une inflation résolument basse (2.5% pour l’année 2011).
Cependant qu’en est –il réellement?
L’Australie, au-delà d’être le pays des kangourous, est avant tout le pays des mines de charbon bitumineux, minerai de fer, argent, pétrole…Cette exploitation des ressources minières est la principale raison de cette bonne santé financière. En effet, le secteur minier représente en moyenne 7% du PIB national australien et 50% des exportations australiennes et il capte la plupart des investissements directs à l’étranger (IDE)…Cette forte dépendance n’est en soi pas un mal mais ce sont ces conséquences induites qui poussent les analystes à émettre des réserves face à l’euphorie boursière.
En effet, une économie à deux vitesses apparaît, d’un coté le secteur minier avec comme principal client la Chine et de l’autre coté le tourisme et l’industrie manufacturière qui se voit freiner par l’étroitesse de son marché intérieur et qui est la première victime des richesses naturelles australiennes. C’est afin d’enrayer ce processus et parce que le renchérissement de l’Aussie imposé par son adossement aux ressources minières gêne la croissance économique du pays que la banque centrale australienne a décidé d’abaisser son taux directeur de 25 points de base à 3.5% établissant une politique monétaire plus expansionniste. En diminuant son taux directeur, la RBA offre un appel d’air au dollar australien et cesse temporairement sa hausse. Car un dollar australien fort présente des inconvénients ; en effet les entreprises minières qui extraient en dollars australiens (chers) vont facturer leurs exportations en dollars américains (donc faibles). Pour la banque centrale australienne, un renchérissement de 10% du dollar australien se traduit par une baisse de croissance de 0.5% et une baisse d’inflation de 0.6%.
Les avis des analystes concernant le dollar australien sont partagés car même si l’Australie se voit être une terre d’accueil pour de nombreuses nationalités notamment grecques afin de fuir la peur engendrée par la crise de la dette grecque et profiter d’un pays affichant pour cette année une croissance économique de 4%, pour d’autres l’Australie est la “Nouvelle Espagne“.
Cette expression, employée par Andy Xui, ancien économiste Asie chez Morgan Stanley, tend à montrer la dangerosité de la politique menée par le gouvernement australien. En effet, si jamais la demande de ressources minières venait à ralentir, les fonds à diminuer ou si jamais la Chine n’arrivait pas à développer un plan de relance, l’Australie s’effondrerait au même titre que l’Espagne actuellement et le cours de sa monnaie également déséquilibrant sa balance extérieure et mettant en lumière les manques de l’économie australienne.
Dans un cadre de reprise économique mondiale, il est bien évident que le dollar australien va poursuivre sa phase haussière et ce faisant pousser le gouvernement à agir afin d’éviter le scénario catastrophe qui débuta avec le constat d’une économie à deux vitesses.