La situation économique n’est pas au beau fixe en zone euro ; les inquiétudes des marchés par rapport à la capacité des pays à redresser la situation est souvent d’actualité.
Voyons plus en détail pourquoi la situation de la BCE est particulièrement délicate depuis quelques mois.
La situation de la BCE est extrêmement délicate en ce moment. Son objectif principal est de maintenir le taux d’inflation sous, mais proche de 2% en zone euro. Seulement elle a déjà usé de ses leviers conventionnels (baisse des taux d’intérêts, incitations aux prêts…) et non conventionnels (mise en pension de titres…), sans succès. Même les prêts à long terme (LTRO) ouverts à toutes les banques pour leur permettre de prêter plus et ainsi de créer à terme de l’inflation n’y a rien fait. L’inflation en zone euro stagne autour de 0,3% et le spectre d’une longue période de déflation à la japonaise se dessine de mois en mois.
Il y a deux semaines encore, Mario Draghi, gouverneur de la BCE s’est déclaré être prêt à tout mettre en œuvre pour réaliser cet objectif. Il n’y a, semble-t-il, plus qu’une méthode qui n’a pas encore été testée, consistant à permettre à la BCE de racheter directement des obligations d’états membres, renflouant ainsi les caisses des états en difficulté et leur permettant par la même occasion de réinvestir par la suite.
Seulement, la BCE est déclarée comme indépendante des états membres dans ses statuts et elle n’a donc pas le pouvoir de réaliser cela. De par sa jeune existence elle n’a pas non plus intérêt à réaliser ce genre d’opérations qui la décrédibiliserait par rapport au respect de ses obligations, ce qui serait terrible pour notre monnaie. Ce souci de crédibilité n’a pas posé de problème à la FED par exemple qui est historiquement considérée comme interventionniste lorsqu’il s’agit de relancer l’économie de son pays, mais dont la crédibilité n’est pas pour autant remise en cause.
Enfin quelques pays partisans de l’orthodoxie budgétaire, Allemagne en tête, sont absolument contre ces pratiques non conventionnelles qui reviendraient à financer le déficit des états et qui inciteraient à un relâchement des efforts de chacun pour revenir à l’équilibre budgétaire. En effet un pays qui sait qu’il sera aidé par la BCE en cas de non réalisation de ses objectifs ne sera pas réellement incité à prendre les mesures structurelles nécessaires.
Au fil des discours le conseil de la BCE semble envisager l’interventionnisme direct comme une solution et il ne semblerait que ce ne soit qu’une question de temps avant que le passage à l’acte soit opéré. Tout l’enjeu est de préparer les investisseurs à ces nouvelles méthodes pour ne pas inquiéter les marchés.
Tout cela a lieu alors que les Etats-Unis sont probablement sur le point de mettre un terme à leur plan de quantitative easing après un redressement significatif de la situation économique du pays…