Ce fut ce que nous pouvons appeler une semaine plutôt chargée sur le marché des changes. Ce ne fut certainement pas l’attente de la décision des différentes banques centrales, nommément la Réserve Fédérale, la Banque Centrale Européenne et la Banque d’Angleterre, mais plutôt les commentaires qui ont suivi qui ont créé des remous sur le marché des changes en cette période de départ en vacances et de festivités pour les Jeux Olympiques de Pékin.
Les acteurs du marché des changes ont eu les yeux braqués tour à tour sur Washington puis Francfort. Le statu quo était largement attendu et, en effet, il fut adopté. Cependant, ce sont les risques pesant sur la croissance de l’économie de la zone euro qui ont fait bouger les taux de changes. La semaine dernière ne fut déjà pas très rassurante de ce point de vue. Les choses semblent désormais s’empirer. En effet, même Jean Claude Trichet a été obligé de reconnaître que les risques pesant sur la croissance commencent à se matérialiser dans la zone euro. Même lui ne peut pas faire abstraction des chiffres, notamment de ceux soulignant une baisse de l’indice des directeurs d’achat et des ventes du commerce de détail dans l’euroland. Jean Claude Trichet s’est par ailleurs inquiété des effets de second tour contre lesquels il ne cesse de mettre en garde depuis janvier. Le fait que le président de la BCE se soit résolu à souligner les risques pesant sur la croissance n’a certes pas bénéficier à la monnaie unique européenne qui s’est affichée en forte baisse face au yen et au dollar mais a, au moins, permis aux traders d’envisager un léger relèvement monétaire avant la fin de l’année.
A l’inverse, la situation économique outre-atlantique semble s’améliorer ce qui permet au dollar de bien se maintenir sur le marché des changes. Comme prévu, Ben Bernanke a annoncé le statu quo au terme de la réunion du comité de politique monétaire de la Fed. Le communiqué publié fut très équilibré, suggérant la recherche du consensus entre les tenants du relèvement et ceux du statu quo. Il a laissé entrevoir la persistance du statu quo jusqu’à octobre au moins. Toutefois, le fait que la Réserve Fédérale ne fasse plus référence à une diminution des risques pesant sur la croissance a laissé entrevoir pour certains cambistes un relèvement des taux avant la fin de l’année. Outre la décision de la Fed, le dollar a profité d’une baisse phénoménale du cours du baril de pétrole et du geste effectué par Merrill Lynch et Citigroup envers certains de leurs clients. La seule voix discordante fut celle d’Alan Greenspan qui, comme à son habitude, a prédit le pire en envisageant l’éventualité de nouvelles faillites dans le secteur bancaire nécessitant l’intervention de l’Etat suivant le schéma Bear Stearns.
Enfin, les monnaies exotiques poursuivent leur hausse sur le marché des changes, notamment le real brésilien, ce qui fait peser une hypothèque sérieuse sur la balance des paiements brésiliennes en raison de l’accroissement continu du déficit commercial.