Qui suit un peu l’évolution des marchés financiers aura certainement compris depuis longtemps l’importance d’Apple pour les investisseurs. Première capitalisation de la place boursière new-yorkaise, avec 565 milliards de dollars, la marque à la pomme a aussi une influence considérable sur l’évolution des cours, allant jusqu’à perturber en profondeur l’analyse qu’on peut faire du S&P 500.
Afin de refléter avec beaucoup plus de fidélité l’évolution des marchés financiers de l’autre côté de l’Atlantique, certains analystes des principales banques mondiales ont trouvé la parade idéale en lançant un nouvel indice boursier informel: le S&P 500 hors Apple. Cet indice prend par conséquent en compte l’évolution des cours des entreprises cotées, exception faite d’Apple.
Le résultat est, comme on pouvait l’attendre, édifiant. Depuis le début de l’année, le S&P 500 a augmenté de 11.1% selon les données officielles. Cependant, si on omet la hausse spectaculaire de l’action Apple, la progression tombe à 9.9%. Soit un différentiel de plus de 2 points de pourcentage! Des études plus complexes ont été menées, notamment par des analystes de S&P et, sans surprise, l’influence du groupe Apple est prépondérante dans les performances des groupes de haute technologie du S&P 500. Le segment “IT”, comme on l’appelle, et qui regroupe des firmes connues de tous, comme IBM ou Microsoft, aurait connu une contre-performance de 2% depuis octobre 2007 sans le titre Apple. Avec, c’est une progression de 16% qui a eu lieu.
Selon les analystes, en ayant franchi le cap de 600 dollars l’action au moment du lancement de l’Ipad, Apple risque d’accroître son influence sur le S&P encore plus dans les années à venir.
Cependant, ce phénomène de distorsion est loin d’être nouveau sur les marchés financiers, outre-Atlantique mais aussi en France. Ainsi, en septembre 1983, IBM allait jusqu’à représenter plus de 6% du S&P 500 grâce à un quasi-doublement de son cours en moins de deux ans. Pour arriver à la performance d’IBM, Apple a encore une certaine marge de progression puisque selon les données, le groupe ne représente qu’environ 4% du total du S&P bien que son cours ait plus que triplé en l’espace de seulement quelques années sous l’influence de son fondateur Steve Jobs.