En dépit du rebond, de toute évidence momentané, de la monnaie unique européenne sur le marché des changes, sous l’effet des propos de Jean Claude Trichet, les acteurs du marché des changes ne semblent clairement pas convaincus par la capacité de l’euro à s’imposer de nouveau face au dollar, comme ce fut le cas au printemps dernier.
Certes, la Banque Centrale Européenne n’est pas disposée, pour le moment, à envisager le scénario de taux zéro, ce qui est légitime puisque l’institut d’émission dispose encore de nombreuses cartouches en matière d’assouplissement monétaire, même avec un taux directeur qui s’affiche désormais à 2%.
Toutefois, vu la situation économique actuelle de la zone euro, la BCE ne pourra clairement pas faire l’économie d’une nouvelle baisse des taux dans les mois qui viennent. D’ailleurs, Jean Claude Trichet en a parfaitement conscience et l’a rappelé jeudi dernier en soulignant que le Conseil des Gouverneurs pourrait être conduit à décider une nouvelle baisse du foyer de l’argent dans la zone euro au mois de mars.
Le problème actuel de la monnaie unique européenne est que les perspectives économiques pour la zone euro sont de plus en plus sombres. Certes, outre atlantique, le scénario est presque similaire voire pire, étant donné que certains économistes redoutent une période de déflation, bien que Ben Bernanke ait rejeté cette hypothèse lors d’un colloque à la London School of Economics. Cependant, contrairement à l’euroland, le dollar profite toujours de son statut de monnaie de référence dans les échanges internationaux et, même si son statut de valeur refuge joue un peu désormais, en l’absence de substitut viable, les cambistes sont bien contraints de toujours faire confiance au dollar. Ce n’est évidemment pas l’euro qui, bien qu’il vienne de fêter ses dix ans, pourrait s’imposer comme substitut au dollar. Les investisseurs du marché des changes semblent l’avoir déjà bien compris.
Avec une économie en pleine récession, comme l’a d’ailleurs souligné le récent rapport de l’OCDE, qui a notamment mis en exergue que « le pire reste à venir » pour les pays membres de la zone euro, la monnaie unique européenne peine à sortir la tête au dessus de l’eau sur le marché des changes. Le redressement constaté en fin de semaine ne devrait de toute évidence pas s’inscrire dans une tendance de fond et les traders parient largement sur une nouvelle chute de l’euro face au dollar.
Au final, dans ce contexte, c’est seulement le yen qui tire son épingle du jeu, profitant toujours du débouclage des positions de carry trade et également d’une aversion pour le risque qui n’a jamais vraiment abandonné le marché des devises ces derniers mois. Cependant, l’appréciation du yen face au dollar et à l’euro est vue d’un très mauvais œil par les autorités japonaises qui ne devraient pas tarder à intervenir pour freiner cette ascension incontrôlée et totalement déconnectée des réalités économiques de la devise nippone. Par conséquent, pour les traders qui investissent sur le yen, restez prudent et sur le qui vive.