En ce début de séance, la roupie était sous pression sur le marché des changes après que la banque centrale indienne ait publié les chiffres inquiétants de l’inflation pour le mois de février. Sur un an, l’inflation a atteint presque deux chiffres, à 9,89% contre 8,56% en janvier. Ces chiffres ont considérablement dépassé les attentes des analystes et des économistes, ce qui a eu un impact évident sur la tenue de la roupie. Selon la banque centrale, l’inflation devrait avoisiner 8,5% d’ici à la fin du mois de mars. Afin de remédier à ces pressions inflationnistes et d’éviter des émeutes au sein de la population, les dirigeants de l’institut monétaire indien vont être certainement incités à remonter leurs taux d’intérêt lors de la prochaine réunion qui est prévue en avril.
De son côté, la monnaie unique européenne n’a pas réussi à poursuivre sa hausse sur le marché des changes en ce lundi, après avoir connu une remontée en fin de semaine dernière. L’euro a échoué juste sous le seuil de 1,38 dollar, un niveau qui n’a plus été atteint depuis près d’un mois. En raison des déboires de la Grèce, la monnaie unique européenne a considérablement baissé au cours des dernières semaines. Alors que les ministres des Finances de la zone euro vont se réunir pour deux jours à partir d’aujourd’hui afin d’évoquer le cas de la Grèce, les investisseurs ont préféré rester prudents. Les ministres devraient probablement évoquer le plan d’austérité présenté par le Premier ministre grec ainsi qu’une éventuelle aide au pays. Il faudra notamment que cette aide soit compatibles avec les règles européennes d’entraide.
Cette tension autour de l’euro a profité considérablement au yen et au dollar. Les deux devises ont notamment capitalisé sur les propos tenus dimanche par le Premier ministre chinois Wen Jiabao. Derechef, il a évidemment rappelé que Pékin n’envisage pas de céder aux pressions de ses partenaires commerciaux en faveur d’une appréciation du yuan. Rien de nouveau en fait. Il a simplement rappelé le discours officiel de Pékin. En revanche, il s’est montré quelque peu optimisme concernant l’avenir ce qui a influé sur le moral des investisseurs. Il a notamment souligné que, même si l’économie renoue durablement avec la croissance, il convient de s’attaquer aux problèmes qui ont causé la crise actuelle. En effet, ces derniers ne sont toujours pas réglés. Il a ainsi sous-entendu qu’une nouvelle crise pourrait commencer sous l’effet de ces problèmes. Le retour à la croissance est souvent pour les politiques l’occasion d’oublier les réformes, pourtant nécessaires, esquissées en pleine crise.
La hausse du yen ne fait toutefois pas les affaires de Pékin. Le gouvernement japonais l’a rappelé ce matin à l’occasion de la publication de son rapport mensuel. Deux points principaux sont à souligner. D’abord, bonne nouvelle pour l’économie nippone, le gouvernement est plus optimiste concernant l’avenir. La reprise est en route ! Toutefois, de nombreuses inconnues demeurent, notamment concernant la déflation. Celle-ci devrait perdurer pendant encore plusieurs années, au moins deux à trois ans selon les organisations internationales, ce qui empêche le gouvernement pour l’instant de s’attaquer à une réduction du déficit public. Le gouvernement, qui peine à influer sur les décisions de la BoJ, a appelé la banque centrale à coopérer avec le ministère des Finances afin de faire remonter les prix et d’enrayer la montée du yen sur le marché des changes, remontée qui freine les exportations et alimente la déflation. En cas de mise en place d’une politique monétaire volontariste, le gouvernement souligne les effets vertueux sur le taux de change du yen mais aussi le secteur de l’immobilier et le marché des actions. Toutefois, à l’heure actuelle, le comité de politique monétaire de la BoJ semble partagé sur l’opportunité d’une telle politique monétaire.