Investir en Russie, c’est à ses risques et périls. Du moins, c’est l’opinion dominante en France. Et pourtant. En effet, notre pays est le quatrième investisseur étranger en Russie, si on exclut de la liste certains paradis fiscaux comme Chypre et les Bahamas où transitent l’argent des nouveaux riches de la Fédération.
Pour l’instant, les investissements en Russie à partir de France sont réalisés essentiellement par de grandes groupes, comme la Société Générale, Danone, ou encore Alstom, bien souvent via des prises de participations, ce qui a pour effet de limiter l’impact éventuel du risque politique sur l’investissement réalisé. Ces investissements se concentrent dans certains secteurs clés dits traditionnels: l’industrie manufacturière, avec une présence importante au niveau du secteur automobile, et également les activités financières et d’assurance.
Cependant, la Russie est encore une terra incognita pour les investisseurs français lorsqu’on parle de nouvelles technologies. Le pays a pourtant d’ambitieux projets à ce niveau, faisant clairement le pari de l’innovation avec comme point névralgique la création du centre Skolkovo.
Présenté comme le Silicon Valley russe, ce centre de recherche et de développement se focalise sur cinq domaines porteurs: l’énergie, les technologies de l’information, les télécommunications, le nucléaire et la biotechnologie.
Autour d’une fondation, le centre cherche à faire émerger les start-up russes à coup de subventions _ 36 milliards de roubles vont être attribués aux petites entreprises innovantes sur la période 2011/2014 _ et de partenariats avec certaines des plus grandes multinationales internationales (Alstom, Cisco, EADS, Ericsson, Nokia, Microsoft) et de grandes universités américaines, dont l’Université de Stanford.
Faire de la Russie un pays leader au niveau des innovations est devenu l’un des fers de lance de la politique économique nationale. Ainsi, le Premier ministre Dmitri Medvedev a annoncé en début d’année son ambition de consacrer près de 2% du PIB à la recherche et au développement en 2016. Autrement dit, faire ainsi, en termes de pourcentage du PIB, entrer la Russie dans le club des pays les plus innovateurs, aux côtés du Japon et d’Israël.
Cependant, pour atteindre cet objectif, la Russie va devoir faire appel aux investissements étrangers dans un contexte économique mondial plutôt morose. En d’autres termes, les investisseurs sont peu incités à prendre des risques en cette période et la Russie demeure encore un pays où le risque pris est élevé lorsqu’on choisit d’y investir. Ainsi, la Coface, qui fait référence en France lorsqu’il est question d’investir à l’étranger, souligne, tout en diplomatie, que le principal point faible de l’économie russe est un environnement des affaires déficient. Comprendre les lacunes au niveau de la protection des droits de propriété, les imperfections de la gouvernance d’entreprise ou encore la corruption élevée.
C’est justement pour essayer de gommer un peu cette image négative auprès des investisseurs français que l’équipe de Dmitry Medvedev organise et parraine du 31 octobre au 2 novembre 2013 un Forum russe sur les innovations à Moscou avec, notamment, la présence d’une délégation française importante conduite par le Premier ministre Jean Marc Ayrault. Objectif: montrer ce qu’est l’économie russe de nos jours et renforcer la coopération dans le domaine de l’innovation entre Paris et Moscou en direction des start-up.