En début d’échanges européens, le dollar était, une fois n’est pas coutume, sous pression. Plusieurs facteurs expliquent la baisse constatée depuis vendredi dernier de la devise américaine sur le marché des changes.
D’abord, il convient de signaler aujourd’hui le nouvel appel lancé en faveur d’une remise à plat du système hérité de Bretton Woods, qui a consacré la suprématie du dollar dans les échanges commerciaux et les transactions financières internationales. Par le passé, plusieurs pays, dont la France mais surtout la Chine et la Russie ont appelé à un nouveau Bretton Woods. Cependant, c’est la première fois qu’une organisation internationale le fait, en l’occurrence l’ONU lors de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement. Les pays réunis lors de cette conférence ont appelé à la fin de l’hégémonie du dollar en tant que monnaie de réserve internationale. Un tel appel, même s’il aura peu de conséquences sur le moyen terme, a toutefois incité les traders à vendre les dollars contenus dans leur portefeuille d’investissement.
Surtout, la baisse constatée du dollar s’explique par l’amélioration évidente de la situation économique de nombreux pays. Certes, certains pays se démènent encore pour sortir des tréfonds de la crise. C’est notamment le cas de l’Espagne qui a accusé au mois de juillet une dégringolade de sa production industrielle de plus de 17,4% ou encore celui de la Finlande qui a enregistré une chute du PIB de 9,4% sur un an. A côté de ces situations encore pessimistes, des pays commencent à renouer avec la croissance. Ainsi, la banque de France prévoit au troisième trimestre une croissance 0,3% tandis que l’Allemagne, qui fut durement touchée par la crise du fait de sa dépendance aux exportations, accumulent les bons chiffres. Les commandes industrielles ont ainsi crû de 3,5% tandis que les fusions-acquisitions se multiplient. La dernière en date est l’OPA de Kraft sur Cadbury. Dans ce contexte, l’euro grimpe de nouveau, évoluant au dessus de 1,44 dollar aujourd’hui sur le marché des devises. Les marchés d’actions suivent le mouvement tandis que l’or grimpe pour la première fois depuis février au-dessus de 1000 dollars l’once, accentuant la pression sur la devise américaine.