Neuf mois après la chute retentissante de Lehman Brothers et moins de cinq mois après son arrivée à la Maison Blanche, le président américain Barack Obama a dévoilé les grandes lignes de la refonte du système de régulation américain. Cette refonte s’appuie essentiellement sur la création de nouvelles agences destinées à assurer davantage de sécurité sur les marchés. Il convient notamment de souligner la création prochaine d’une agence fédérale indépendante afin de protéger les particuliers des « pratiques inéquitables, trompeuses ou abusives » des établissements bancaires et non bancaires. A côté de toutes ces agences nouvellement créées, qui vont demander un regain de fonds et alourdir encore plus la dette publique américaine, la Réserve Fédérale n’a pas été mise à part dans ce projet de réforme.
Pierre angulaire du système économique américaine, la Réserve Fédérale devrait voir ses attributions s’élargir. Depuis plusieurs mois, en effet, un tel projet était sur les rails sans que le nouveau rôle de la banque centrale américaine n’ait été, jusqu’à maintenant, clairement défini. Dans le nouvel organigramme américain, la Fed devrait, outre sa fonction première de détermination de la politique monétaire des Etats-Unis, jouer aussi un rôle de prévention des risques systémiques.
Ainsi, la Fed aura en charge la surveillance des grandes institutions financières qui pourraient éventuellement présenter une menace pour l’ensemble du système financier. Une telle réforme devrait ainsi permettre d’éviter que le scénario de la faillite de Lehman Brothers en septembre dernier ou encore celui des difficultés d’AIG ne se reproduise et mette dans l’embarras les responsables américains. Pour mener à bien sa mission, la Réserve Fédérale devrait se doter de nouveaux outils de gestion de crise, dont un mécanisme ad hoc de démantèlement des institutions financières menaçant de s’effondrer. Par ailleurs, le rôle de prêteur d’urgence de la banque centrale devrait être légèrement modifié puisqu’une approbation écrite préalable du secrétaire au Trésor devrait être désormais nécessaire, simple formalité destinée à renforcer le contrôle.
Toutefois, pour que cette mission soit menée à bien, une réforme en profondeur de l’institution actuellement dirigée par Ben Bernanke sera nécessaire, aussi bien au niveau de sa structure que de sa supervision. De plus, l’administration Obama devra sûrement être amenée à des compromis au Congrès puisque le président de la Commission bancaire du Sénat, Christopher Dodd, a déjà émis quelques doutes sur cette initiative.
D’autres réformes du même genre sont également sur les rails en Europe, notamment au Royaume Uni et en France. Toutefois, les instances européennes n’envisagent pas d’accroître les pouvoirs de la Banque Centrale Européenne, ni de la Banque d’Angleterre dans le cas du Royaume-Uni.