La publication en fin de semaine dernière de l’indice des prix à la consommation outre-atlantique et dans les pays membres de la zone euro semble montrer un découplage de l’inflation.
En effet, l’indice des prix à la consommation, estimé à 0,3% par les économistes, a finalement stagné au mois de février. Cette bonne nouvelle devrait ainsi permettre aux ménages américains de pouvoir consommer autant qu’auparavant sans avoir peur de devoir faire face à une nouvelle augmentation du prix des biens de consommation. Certes, il faut rester prudent et attentif aux chiffres du mois de mars mais, ce coup d’arrêt à l’inflation, est néanmoins une donnée positive car, rappelons-le, la consommation représente une part significative de la croissance aux Etats-Unis.
En revanche, l’inflation dans la zone euro a marqué un nouveau record au mois de février, atteignant 3,3% sur un an, selon l’office européen des statistiques. Depuis que des statistiques sur l’inflation ont commencé à être produites dans les pays concernés, en 1997, l’inflation n’a jamais atteint un niveau aussi élevé. Après avoir atteint 3,1% en décembre puis 3,2% en janvier, l’inflation ne cesse de croître, certes lentement mais sûrement, pour reprendre l’expression consacrée. A titre de comparaison, il y a exactement un an, l’inflation dans la zone euro était seulement de 1,8%, soit en dessous de la barre des 2% fixée par la Banque Centrale Européenne.
Depuis quelques mois, l’inflation dans la zone euro, qui concerne aussi les Etats-Unis bien sûr, est dopée par l’envolée des prix du pétrole et de l’alimentation, sur fond de ralentissement économique. En effet, jeudi dernier, le prix du baril de pétrole a dépassé les 110 dollars à New York en raison du repli de la devise américaine sur le marché des changes qui attire en masse les investisseurs vers les marchés des matières premières. Au demeurant, l’indice des prix à la consommation dans l’euroland fut particulièrement poussé à la hausse par l’inflation qui sévit en Allemagne, considérablement supérieure aux prévisions le mois dernier.
En conséquence, confortée dans sa stratégie, la BCE devrait continuer sans sourciller sa politique monétaire de lutte contre l’inflation durant le mois de mars sans se soucier outre mesure du fait que l’euro bat des records presque quotidiens dernièrement sur le marché des devises.
Même si l’évolution actuelle de l’inflation pourrait s’inscrire dans un mouvement cyclique de type Kondratiev depuis le début des années 90, Jacques Le Cacheux, directeur du Département des Etudes de l’OFCE de Sciences-Po, pointe du doigt les facteurs démographiques et technologiques en soulignant que l’inflation est essentiellement liée à un phénomène de conjoncture internationale. Il met par ailleurs en garde la BCE contre une stratégie focalisée sur le long terme sur l’inflation, en justifiant que l’Europe ne connaît pas pour le moment un retour de l’inflation, au sens où on pouvait l’entendre dans les années 70/80, à des moments où la France a par exemple connu une inflation atteignant 14%.