Alors, il trinque. C’est ainsi que nous pourrions résumer la semaine qui s’est écoulée, durant laquelle la devise de la zone euro a connu nettement plus de bas que de hauts sur le marché des changes. Après les Etats-Unis, sur lesquelles un vent de faillite a soufflé, ce fut au tour de la zone euro de subir de plein fouet la nouvelle vague de la crise des subprimes.
En effet, à l’ouverture des marchés lundi, la panique a un moment soufflé sur les places boursières en raison de l’annonce des déboires d’une quatrième banque anglaise et des déboires de Fortis et de Dexia. Heureusement, les gouvernements concernés ont rapidement réagi mais cela n’a pas empêché les cambistes de s’inquiéter de la solidité du système financier européen.
Ce report de la crise en Europe, notamment dans les pays de la zone euro, a évidemment bousculé les devises, particulièrement la livre sterling et la monnaie unique européenne. Face à la crise qui s’installe en Europe, et alors que la récession pointe non seulement en Allemagne et en Espagne mais aussi dorénavant en France, les gouvernements européens hésitent fortement à mettre en place un Plan de type Paulson à l’échelle européenne. Un temps évoqué du côté français, une telle rumeur fut ensuite formellement démentie par l’Elysée.
En revanche, l’euro pourrait bénéficier à terme d’une éventuelle baisse des taux de la Banque Centrale Européenne, esquissée par Jean Claude Trichet lors de sa conférence de presse de jeudi. En effet, constatant une baisse des tensions inflationnistes mais un accroissement des risques pesant sur la croissance, Jean Claude Trichet a, pour la première fois depuis juin, laissé entrevoir la possibilité d’un mouvement des taux, à la baisse.
Bien que la crise n’a pas épargné cette semaine non plus les Etats-Unis, les investisseurs du marché des changes restaient néanmoins confiants dans le dollar, bien qu’une grande majorité des traders restaient, il faut le reconnaître, très attentistes. En fait, le dollar a profité cette semaine de l’adoption du Plan Paulson, en dépit de la douche froide subie lundi soir suite au refus du texte par la Chambre des représentants. Toutefois, une nouvelle mouture fut présentée, adoptée par le Sénat et, dans la foulée, par la Chambre des représentants vendredi. Toutefois, les cambistes ne sont pas dupes et ne s’attendent pas à ce que le plan Paulson de sauvetage de Wall Street résolve toute la crise. Comme nous l’avions évoqué précédemment, de nombreuses inconnues demeurent, notamment concernant la dette publique et l’impact à terme sur le taux de change du dollar.
Enfin, la plupart des devises dites exotiques, dont le lei roumain ou le real brésilien, qui nous avait, pour ce dernier, habitué à des records consécutifs ces derniers mois face au dollar, chutent sous l’effet de la crise des subprimes et des inquiétudes persistantes concernant la santé du système financier mondial.