Suite à la nouvelle baisse des taux de la Fed, suivie dans sa démarche par la Banque d’Angleterre jeudi qui a procédé à une baisse de 25 points de base, la grande question est de savoir à quelle moment la BCE décidera à son tour de franchir le pas en délaissant l’orthodoxie qui l’a caractérisé depuis sa création.
La plupart des analystes s’accordent sur le fait que les déclarations récentes de Jean-Claude Trichet semblent annoncer, si ce n’est dans les faits, au moins dans les mots, une inflexion possible de la politique monétaire dictée à Francfort.
A l’heure actuelle, les dirigeants de la BCE sont pris en tenaille entre, d’une part, une inflation réelle qui menace de dégénérer et,d’autre part, un ralentissement évident de l’économie dans la zone euro suite à la crise financière, renforcée par le scandale de la Société Générale.
La vigilance de Francfort vis-à-vis de l’inflation vient d’être justifiée par la publication des chiffres de l’inflation au mois de janvier. Elle a atteint dans la zone euro pas moins de 3,2% en rythme annuel, soit une hausse des prix sans précédent depuis quatorze ans. De l’autre côté, bien que réticente au départ à s’atteler à cette tâche invoquant qu’elle ne faisait pas partie de son mandat, la Banque Centrale ne peut pas rester aveugle face aux perspectives moroses de croissance. Certes, les fondamentaux de l’économie de l’euroland restent sains, mais le ralentissement de la croissance, qui préoccupe les gouvernements, oblige la Banque Centrale à revoir sa stratégie et à laisser pointer sur le long terme une possible baisse des taux afin de redonner du punch à l’économie européenne. Les analystes tablent sur une baisse de 1 point de base qui pourrait avoir lieu en deux étapes, une première fois en juin et une deuxième fois à l’automne.
En dépit du démenti de Monsieur Trichet, les pressions venant des gouvernements de l’euroland et les pressions faisant suite à la position radicalement opposée de la Fed ont eu fort de son entêtement.
Mais la vraie menace pour l’économie européenne n’est pas exactement là. En effet, le risque de stagflation, cauchemar des banques centrales et des gouvernements, pourrait devenir la bête noire de l’année en cours. Le constat d’une inflation ne faisant plus de doute, il s’agit d’éviter que cette hausse des prix ne se conjugue avec la dégradation de l’économie.