Deuxième économie mondiale, le Japon est à la recherche d’un relais de croissance. En effet, l’appréciation continue du yen depuis plusieurs semaines grève lourdement les exportations. La croissance nippone s’est appuyée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale sur les exportations, contribuant à faire émerger le Japon d’une guerre dévastatrice.
Cependant, comme l’a souligné un haut responsable du Research Institute of Economy de Tokyo lors d’un colloque à Paris cette semaine, « exporter plus quand le monde entier veut exporter plus ne sert à rien. Le Japon doit restaurer la confiance et relancer la consommation des ménages ». Surtout, ce que n’a pas dit ce haut responsable, c’est que la compétitivité des produits japonais, même s’ils sont de forte valeur ajoutée, est fortement entamée par la hausse du yen.
A l’instar des autres monnaies et en dépit d’un taux d’intérêt extrèmement bas, le yen s’apprécie de plus en plus face au billet vert. Cette appréciation pèse beaucoup sur les exportations de l’archipel nippon. Certes, le Japon a pu affiché en septembre un excédent commercial de 3,8 milliards d’euros sur un an. Une bonne performance pour le pays mais qui cache en fait de nombreuses lacunes. En effet, la chute importante des importations (-36,9%) a, à elle seule, permis un tel excédent commercial. Cet effet de miroir cache en réalité une forte chute des exportations, évaluée à ,près de 30,7% au mois de septembre. Des secteurs stratégiques, qui assuraient auparavant au Japon une place de choix dans le commerce international, comme l’automobile ou les ordinateurs sont en chute libre. D’autres pays, notamment la Chine, grâce à une stratégie de remontée de filière, peuvent désormais prétendre concurrence le Japon sur ses atouts technologiques.
Face à cette situation, le gouvernement de centre gauche du nouveau Premier ministre Hatoyama cherche à rassurer ses compatriotes et à redresser la barre. D’abord, il a voulu rompre avec le précédent gouvernement en décidant d’allouer près de 22 milliards d’euros intialement destiné au plan de relance à des programmes sociaux. Cette mesure pose toutefois un problème important car lorsque le plan se terminera en fin d’année, le gouvernement apparaît démuni pour redresser l’économie. Des programmes sociaux ne pourront pas à eux seuls relancer la consommation intérieure.
Celle-ci est certes en bonne santé, l’indice de confiance des consommateurs nippons n’a-t-il pas atteint en septembre son meilleur niveau depuis deux ans. Toutefois, au lieu de dépenser, les japonais cherchent à épargner, prévoyant un prochaine hausse des impôts. Celle-ci devrait être inévitable si le gouvernement décide à nouveau d’alourdir sa dette qui frôle 200% du PIB.
Pour l’instant, le nouveau gouvernement a décidé d’étudier toutes les possibilités qui s’offrent à lui et attend notamment la note de la Banque du Japon du 30 octobre qui doit prévoir l’évolution de l’économie pour les six mois à venir. Ce document devrait incontestablement orienter la politique du nouveau gouvernement.