C’est ce matin-même à 1h50 qu’était enfin publié le chiffre de la croissance économique du deuxième trimestre japonais avec un impact évident sur le forex. Alors que le Japon semblait se diriger vers une fin de crise grâce à notamment les politiques monétaires et budgétaires mises en place, qui ont fait passer dans le vert la plupart des indicateurs macroéconomiques, le Japon connaît un second trimestre décevant du point de vue de la croissance. En effet, il était attendu une croissance économique de l’ordre des 0.9%, semblable au trimestre passé. Or, elle ne fut que de 0.6%. Face à une telle nouvelle, inutile de préciser qu’euro et dollar se sont fortement appréciés face à la devise japonaise. Si la croissance est composée de trois grands moteurs, l’investissement, la consommation, et la balance commerciale, duquel vient la défaillance qui touche le Japon?
Pour commencer, l’investissement a fortement reculé, tiré surtout par l’investissement immobilier. Le gouvernement japonais avait effectivement lancé un vaste programme de construction et travaux publics afin de relancer l’activité (à hauteur de 40 milliards d’euros). Autrement dit, il a d’une part dopé son économie, d’où les relatifs bons chiffres de croissance passés (0.9%), et d’autre part sapé son industrie dans le sens où le Japon a tellement investi qu’il en connaît aujourd’hui les effets: l’effet d’éviction pour ces travaux publics a été très fort. En outre, les Japonais gardent en mémoire la crise Heisei, provoquée par trop d’investissements superficiels et non nécessaires.
De son côté, entraînée par la chute d’investissement, la consommation a reculé le trimestre dernier de 0.6%. Le moral des Japonais remonté par la politique de relance est maintenant loin: c’est la fin de l’euphorie. Dans un second temps, le gouvernement Abe a pour projet d’augmenter la taxe à la consommation de 5 à 8% (puis 10% à terme). Evidemment, les agents économiques, rationnels, ont anticipé le changement à un tel point que cette réforme est remise en question aujourd’hui.
Enfin, l’économie exportatrice qu’est le Japon a vu fondre son excédent commercial de plus 20%, en raison notamment de la chute du yen, et du besoin croissant d’importation. Toutefois, illustration de la courbe en J, bien que le déficit ait été creusé dans un premier temps, il semble en voie de se reboucher, et la dépréciation est sur le point de tourner à l’avantage du Japon qui voit notamment ses constructeurs automobiles regagner des parts importantes de marché, revoir à la hausse leurs prévisions annuels (Toyota) ou voir s’établir des finances saines (Mazda).
Quoiqu’il en soit, il est normal qu’après un fort à-coup, le pays semble ralentir. On peut toutefois légitimement penser que le Japon est en bien meilleure voie que si rien n’avait été entrepris. Les réformes du gouvernement Abe se veulent ambitieuses, et tendent à remettre le Japon, pays surdéveloppé, sur les rails d’une croissance saine.