En dépit d’un léger revirement qui a pu favoriser au milieu de la semaine très éphémèrement la monnaie unique européenne et la livre sterling, les grandes tendances qui se dessinent depuis quelques semaines sur le marché des changes continuent de se préciser.
La politique suivie par la plupart des banques centrales ces derniers temps, que ce soit la banque centrale de Norvège, la Réserve Fédérale ou encore la banque centrale du Japon, est une tendance à un assouplissement des taux afin de redonner un peu de souffle à la croissance en cette période de récession. Même la Banque Centrale Européenne, dont l’orthodoxie en matière de politique monétaire est souvent critiquée en France, envisage, d’après les dires de Jean Claude Trichet, la possibilité de baisser ces taux dès la semaine prochaine. Cette hypothèse semble confirmer au demeurant par le ralentissement constaté de l’inflation, laissant ouverte la voie à une baisse des taux.
Une telle politique de détente monétaire de la part des banques centrales a eu pour effet de rassurer momentanément les cambistes. Cependant, l’effet fut de courte durée puisque la plupart des investisseurs du marché des changes considère à juste titre qu’une politique de baisse des taux ne sera pas suffisante sur le long terme pour assurer un retour de la croissance.
Par conséquent, les acteurs du marché des changes opèrent une « fuite vers la qualité » ce qui, dans le jargon des analystes, signifie que les investisseurs se replient sur les valeurs jugées sûres du marché des changes. Il s’agit en l’occurrence du dollar qui, en dépit d’une révision à la baisse du PIB, profite toujours de son statut de valeur refuge, et des devises à faible taux d’intérêt, nommément le franc suisse et le yen. En dépit d’une baisse des taux par la Banque du Japon, le yen n’a pas été sanctionné par les cambistes qui favorisent toujours autant cette devise sur les autres.
A priori, la même tendance devrait se poursuivre dans les semaines à venir, sauf évènement particulier. La première réunion concernant la refonte du système financier mondial, prévu quelques jours après les résultats de l’élection américaine, devrait toutefois attirer l’attention de nombreux traders, certains craignant l’impact d’un « nouveau Bretton Woods ».
Enfin, pour finir, la situation de l’Islande, qui aurait dû bénéficier d’un prêt de 4 milliards d’euros de la part de la Russie ne s’améliore pas. Après l’aide octroyée par le FMI, la banque centrale islandaise, qui a relevé ses taux afin de sauver autant que faire se peut la couronne islandaise, a demandé l’aide de la BCE et de la Fed, sans qu’une réponse n’ait été donnée à ce jour.