C’est en effet la fin d’une époque pour les acteurs du marché des changes. Le yen qui, jusqu’à maintenant, entretenait une forte corrélation inverse avec les indices boursiers, s’enfonce dans les abîmes.
Alors qu’il fallait il y a encore trois mois 87 yens pour un dollar, le yen ne s’échangeait hier plus qu’à 99,20. Ainsi, progressivement, la devise nippone se rapproche dangereusement de la barre des 100, ne laissant plus beaucoup d’espoirs à ceux qui pouvaient encore croire que le yen pouvait capitaliser en cette période de crise sur son statut de valeur refuge.
Si le monde industrialisé est incontestablement en récession, le Japon est en revanche en pleine dépression. Les chiffres parlent d’eux mêmes. Les exportations ont fondu de 46,3% en janvier, remettant ainsi complètement en question le modèle économique sur lequel s’est fondé le pays du Soleil Levant. Le résultat direct d’une telle baisse est un recul de deux chiffres du PIB au dernier trimestre de l’an dernier, soit la plus forte contraction enregistrée depuis le choc pétrolier de 1973/74.
La défiance s’est désormais emparé des investisseurs qui fuient le yen mais aussi la Bourse. Hier, l’indice Nikkei a chuté à son plus bas niveau depuis près de 26 ans, laissant ainsi peu de place à l’optimisme pour les années à venir.
Si l’archipel est en pleine crise, la zone euro semble au moins être enfin parvenue à jouer sur la communication afin de rassurer les investisseurs. Grâce aux effets d’annonce de ce début de semaine, la monnaie unique européenne a enregistré un renforcement face au dollar dans les échanges européens, passant au dessus de la barre de 1,27 dollar.
En revanche, les devise émergentes font toujours autant les frais de la crise et de l’aversion pour le risque qui domine sur le marché des changes. Hier, la livre turque a ainsi pulvérisé un nouveau record de faiblesse face à la devise américaine sur le marché des changes. Afin de soutenir la livre, la banque centrale turque a décidé de lancer dès aujourd’hui des appels d’offres quotidiens pour la vente de dollars ce qui devrait renforcer les liquidités sur le marché turc.