Le scénario de la crise de 1929 est largement connu. Peu après le krach, la jeune Réserve Fédérale, créée en 1913, se résout à baisser les taux d’intérêt mais, alors que des banques font faillites et que les particuliers se ruent au guichet pour retirer leurs dépôts, l’institut, ne percevant pas de danger, se refuse obstinément à injecter des liquidités. Privés de liquidités, même les établissements les plus solides ne peuvent plus prêter ce qui réduit la masse monétaire d’un tiers entre 1929 et 1933, l’économie s’en trouvant exsangue.
Face à l’ultralibéralisme du gouvernement Hoover, et particulièrement du secrétaire au Trésor, Andrew Mellon, conjugué à l’erreur d’appréciation des deux gouverneurs successifs de la Fed, Roy A. Young et Eugène Meyer, l’économie mondiale n’a pas résisté.
Responsable de la crise de 1929, ce dont Milton Friedman est parvenu à convaincre ses collègues avant son décès, la Fed n’a pas réitéré la même erreur lors de cette crise. Certes, la politique de « laissez-faire », héritée de l’ère Greenspan, a facilité l’émergence de la crise des subprimes.
Cependant, la Fed a su réagir habilement cette fois-ci pour tenter de résorber la crise. D’abord, depuis le New Deal et les théories de John Maynard Keynes, les autorités font dorénavant appel à la combinaison d’une politique monétaire et d’une politique budgétaire. Le plan Bush en témoigne d’ailleurs. Contrairement aux pays membres de la zone euro qui sont plus réticents et aux prises avec le pacte de stabilité qui réglemente le recours à un soutien fiscal conjoncturel.
Par ailleurs, la Fed a assise, depuis, son autorité sur les « Fed régionales » qui, en 1929, avaient considérablement tardé à appliquer les décisions de Washington. En particulier, elles détenaient encore une large autonomie dans le maniement du taux d’escompte.
Mais, surtout, les autorités de Washington ont su éviter jusqu’à maintenant, contrairement à 1929, une crise de liquidité, caractérisée par une contraction de la masse monétaire en circulation, qui aurait pu de nouveau provoquer un assèchement progressif du crédit. En effet, la Fed et la BCE ont compris depuis août la réticence des banques à se prêter les unes aux autres suite à la crise des subprimes. Face à la menace sur la stabilité financière, elles ont prêtées les liquidités que certaines mettaient de côté à celles qui en manquaient afin d’éviter que les banques ne soient mises en difficulté, particulièrement si elles devaient faire face à un mouvement de panique. Reste à savoir si la Fed pourra faire face à la crise bancaire d’une ampleur inégalée qui semble s’annoncer.