Alors que la BCE et la FED se sont concertées pour fournir aux banques américaines et européennes 64 milliards de dollars de liquidités supplémentaires pour résorber la crise de confiance qu’affronte le marché interbancaire depuis la crise des subprimes, la question de la politique monétaire suivie à Francfort et de son impact sur le taux de change se pose de manière de plus en plus aigüe.
En effet, la BCE ne pourra pas faire éternellement abstraction de la baisse des taux d’intérêts décidée à Washington. Jean Claude Trichet, en pointant les risques à moyen terme d’inflation, confirmés par la hausse des prix à la consommation de 3% dans la zone euro et la hausse de 3,2% des prix à la production outre-atlantique, menaçait indirectement début décembre d’augmenter les taux en cas de danger pour la stabilité des prix.
Depuis septembre, à rebours de la tendance suivie par les autorités américaines, copié en cela depuis fin décembre par la Banque d’Angleterre et la Banque du Canada, l’euroland se refuse à baisser ses taux se focalisant sur la lutte contre l’inflation.
Cette politique a contribué à accroître l’attractivité de l’euro par rapport au dollar, le billet vert allant jusqu’à coter 1,4967 euros le 23 novembre, un sommet historique. Cependant, l’impact sur l’économie fut plutôt négatif puisque la zone euro affiche une terne croissance de 2,6% en 2007 par rapport à 5% de croissance en rythme annuel aux Etats-Unis. La baisse du dollar a permis de doper les exportations américaines ce qui a en revanche pénaliser les exportations en euro et à terme la croissance économique dans la zone euro.
En se refusant à lier niveau des taux et fourniture de liquidité, la BCE rend peu probable une baisse future du prix de l’argent alors que dans le même temps, afin d’éviter la récession qui menace, le comité de politique monétaire de la FED a décidé de réduire de 25 points de base le prix de l’argent aux USA à l’occasion de sa dernière réunion de l’année 2007, baisse qui en laisse présager d’autres prochainement.
L’inflexibilité de la BCE sur sa politique de taux qui creuse l’écart entre le dollar et l’euro n’est pas soutenable à terme car elle pénalise la croissance et l’emploi. La BCE devra donc trancher entre se focaliser sur son cheval de bataille, l’inflation, ou envisager un taux plus compétitif quitte à déprécier la valeur de la monnaie unique sur le marché des changes.