L’entrée de Chypre et de Malte dans la zone euro le 1er janvier 2008, soit pour les 9 ans de l’introduction de l’euro parmi le système monétaire, a renforcé et consolidé la monnaie unique, la plaçant encore plus en concurrence avec le dollar. Certes, le dollar reste toujours l’outil privilégié de règlements des échanges de biens et de service du fait du poids incontournable de l’économie américaine. Cependant, la stabilité de l’euro et son assise grandissante, due principalement aux élargissements qui ponctuent sa courte vie et à la crainte continue inspirée dans le dollar en raison du déficit persistant de la balance commerciale des Etats-Unis, font de la monnaie unique un alternatif possible et de plus en plus emprunté pour régler les échanges internationaux.
Les critères de convergence imposés par le traité de Maastricht prévoient entre autres que le déficit budgétaire ne doit pas excéder 3% du PIB et la dette publique 60% du PIB, que les pays candidats doivent satisfaire "le respect des marges normales de fluctuation prévues par le mécanisme de change du système monétaire européen" et "le caractère durable de la convergence atteinte par l’Etat membre et de sa participation au mécanisme de change du système monétaire européen". Ces stricts critères permettent d’assurer la stabilité de l’euro sur le marché des changes.
Cette stabilité, accompagnée d’une bonne santé économique, a pour corollaire d’amplifier l’attractivité de l’euro auprès des économies partenaires. Les pays candidats s’évertuent, parfois par des tours de force, à remplir les conditions requises dans l’espoir à terme d’attirer les investisseurs. Ainsi, en quatre ans, Malte a fait chuter son déficit public de 10% à 2,5% du PIB. L’intérêt d’intégrer l’euro et son vaste marché est tel que la partie turque de Chypre, qui n’appartient pas à l’UE, envisage d’adopter unilatéralement l’euro et de régulariser une situation de fait puisque la majeure partie des transactions se font déjà en monnaie unique en raison de la volatilité de la livre turque.
Cependant, le succès de l’euro ne fait pas que des émules puisque les britanniques se refusent toujours à abandonner la livre sterling et le Danemark et la Suède lui ont dit « non » par référendum. L’argument invoqué par Londres est que les résultats de l’euroland ne sont pas à la hauteur des espérances et de ceux obtenus avec le maintien de la livre. La faute à Francfort qui, avec sa politique de l’euro fort, ne privilégie pas la croissance et l’emploi. Faut-il alors remettre en question l’indépendance de la BCE comme le laissent entendre certaines voix qui s’élèvent de l’autre côté du Rhin ?