La Banque de France a récemment rappelé aux français que le 200 francs « Montesquieu », qui n’a plus cours depuis 1998, cessera définitivement d’être convertible à compter du 31 Mars 2008, en respect des règles de la banque centrale.
Ce rappel peut sembler sans importance quand on sait que le franc n’est plus qu’un objet de collections pour passionnés et nostalgiques de la souveraineté monétaire française. Soit un vestige national. Cependant, il n’est pas si sans importance quand on prend en compte que les français détiennent, d’après les estimations de la banque de France, pas moins de six milliards de francs en billets dans leurs bas de laine. Soit un joli pactole réparti entre les Pierre et Marie Curie, les Montesquieu, les Gustave Eiffel, les Cézanne et j’en passe.
Au total, 3% des billets en francs restent toujours dans la nature.
Certes, la grande majorité des Français ont fort logiquement, lors du passage à l’euro il y a six ans, demandé à leurs banques la conversion en euros de la quasi-totalité de leurs avoirs en monnaie fiduciaire. Ils en avaient la possibilité jusqu’au 30 juin 2002. Ensuite, les guichets de la Banque de France, l’Institut d’émission des départements d’outre-mer et les comptables du Trésor ont pris le relais.
Cependant, au fur à mesure, ce véritable panthéon français tombe sous le coup de la législation de la Banque de France qui stipule qu’elle est tenue d’assurer à ses guichets le remboursement des billets dont le cours légal a été supprimé dans un délai de dix ans à compter de la date de suppression. C’est entre autres le cas du 200 francs « Montesquieu ». Bien sûr, pour les billets qui avaient cours légal le 17 février 2002, les français ont jusqu’à 2012 pour réagir.
Il va de soi que la France n’est pas le seul des pays membres de l’euroland à souffrir de tels maux. Notre voisin d’Outre-Rhin n’est pas épargné non plus puisque les Allemands auraient conservé, d’après les dernières estimations, au moins 14,11 milliards de marks, soit l’équivalent de 7,21 milliards d’euros. Cependant, à la différence de la Banque de France, la Bundesbank n’impose pas de limites temporelles aux Allemands pour convertir leurs deutschemarks.
Pertes pour les citoyens, ces billets libellés en franc ne sont pas perdus pour tout le monde. En effet, l’Etat est le premier bénéficiaire de leur égarement. Dès que les billets ne sont plus échangeables, l’Etat, actionnaire unique de la Banque de France, s’en saisit automatiquement par une opération de « culot d’émission ». Ainsi, lorsque le franc « Pascal » est devenu inéchangeable l’année dernière, l’Etat a récupéré 400 millions d’euros. Pour 2008, Bercy prévoit une « recette accidentelle » de 80 millions d’euros. Soit un beau cadeau pour le budget de l’Etat.