Depuis le début de semaine, les dirigeants de la zone euro, menés par le président luxembourgeois de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, ont serré les rangs pour dénoncer l’appréciation de l’euro face au dollar sur le marché des changes. Même le gouverneur de la Banque Centrale Européenne, d’habitude réservé, a rompu son silence pour dénoncer cette situation qui a vu la monnaie unique atteindre jusqu’à 1,53 dollar mercredi sur le forex.
L’unanimité qui règne parmi les cénacles politique et économique de la zone euro quant à la flambée de la monnaie unique n’augure pas pour autant une action coordonnée des Européens pour faire baisser l’euro.
Certes, le ralentissement économique dans l’euroland plaide pour un assouplissement de la politique monétaire européenne, car les perspectives de croissance pour 2008 sont plutôt ternes, mais les analystes ne s’attendent pas cependant à une baisse des taux d’intérêt dès jeudi en raison de la pression inflationniste. En effet, Eurostat a annoncé lundi que l’inflation s’était maintenue à un niveau record en février, à 3,2%, largement au dessus de la limite de 2% que s’est fixée la BCE. Or, cette dernière a pour seule mission, fixée par le traité de Maastricht, d’assurer la stabilité des prix, contrairement à la Fed qui a également un objectif de croissance.
Dans un tel contexte, il est difficile pour le BCE d’abaisser ses taux sans donner l’idée de faillir à sa tâche. Au demeurant, le président de la Bundesbank, Axel Weber, a rappelé il y a quelques jours que les marchés se berçaient d’illusions en pariant sur une prochaine baisse des taux de la BCE.