La baisse des taux, plus faible que prévue, de la Fed a, certes, comme en a témoigné le regain de vitalité du dollar sur le marché des changes en milieu de semaine dernière, rassuré les investisseurs sur la capacité des autorités à faire face à la crise à un moment où les doutes commençaient à enfler.
Certes, l’état du dollar ne s’est pas radicalement amélioré en dépit d’un certain sursaut. Cependant, les évènements de la semaine dernière sur le marché des changes ont montré à quel point le facteur psychologique est essentiel en politique monétaire. Bien sûr, ce n’est pas un fait nouveau. Il suffit de s’attarder quelques minutes sur le déroulement des crises financières et boursières majeures, à commencer par la crise de 1929, pour en comprendre les tenants psychologiques. John Maynard Keynes, dans l’élaboration de sa théorie économique, ne s’était d’ailleurs pas trompé en accordant au facteur psychologique une place majeure dans le fonctionnement de l’économie.
C’est justement avec ce facteur que la Fed a prioritairement à traiter. En effet, l’enchaînement ininterrompu de mauvaises nouvelles, la dernière en date étant une perspective de croissance du PIB nulle au deuxième trimestre, déprime les marchés et fait dégringoler le dollar sur le Forex.
Bien sûr, la Fed ne peut pas modifier ces données mais elle doit rassurer sur sa capacité à gérer la crise en contre disant les scénarios les plus pessimistes qui prédisent une récession proche, si ce n’est déjà en marche. Cela implique, tout en étant réaliste, de peser ces mots et surtout d’expliquer, sans agir dans la hâte, la politique qui est décidée. Faute d’explication, en effet, la baisse successive des taux en janvier fut interprétée par les marchés comme une initiative précipitée et de très court terme.
Depuis, la Fed semble avoir tiré les leçons de ce semi échec. Agissant moins dans la précipitation, Ben Bernanke semble avoir revu sa stratégie et adopté une vision de long terme. En effet, s’il faut en croire certains économistes, la contraction de l’économie, telle qu’elle est aujourd’hui, devrait durer au moins jusqu’en 2009. Ainsi, la Fed va devoir gérer sur le long terme à la fois une croissance en déclin mais aussi une inflation préoccupante qui est alimentée par la baisse des taux. Une telle situation devrait a priori contribuer à affaiblir davantage le dollar par rapport aux autres devises.
Il s’agira donc pour la Fed de limiter les risques de pression inflationniste en soutenant la croissance. C’est certes un challenge, mais qui peut être gagné si la Fed parvient à rassurer les marchés et à présenter la crise financière actuelle comme, certes une crise d’une ampleur inégalée depuis 1945, comme l’a reconnu Alan Greenspan, mais qui est surmontable grâce à une politique monétaire cohérente. En présentant la crise comme une parenthèse, la Fed parviendra à rassurer les investisseurs et à leur redonner confiance dans l’économie américaine qui, somme toute, possède toujours des fondamentaux enviables et est encore largement solide.