La semaine dernière fut marquée par une avalanche de statistiques déprimantes outre-atlantique, en particulier au sujet de l’activité industrielle et du marché de l’emploi. En effet, le marché de l’emploi connaît une considérable dégradation qui a fait bondir le taux de chômage à 5,1% de la population active. Fait surprenant, l’euro n’a pas pour autant atteint de nouveaux records ou franchit les précédents face à la devise américaine sur le Forex. Il semble désormais que le marché des changes anticipe les mauvaises nouvelles ce qui atténue la chute du dollar.
Néanmoins, le dollar n’a pas connu de redressement, particulièrement du fait du découplage de politique monétaire entre la Réserve Fédérale et la Banque Centrale Européenne. Suite à la publication des chiffres de l’inflation dans la zone euro, qui est en croissance et atteint jusqu’à 4,4% en Belgique, Francfort n’envisage clairement pas de modifier lors de sa prochaine réunion du jeudi 10 avril son taux d’intérêt. Une telle politique devrait donc entretenir sur le court et moyen terme un euro fort sur le marché des devises.
Néanmoins, les dernières statistiques concernant l’état de l’économie dans la zone euro devraient éveiller quelques inquiétudes du côté de la BCE. En effet, une enquête commandée par la commission européenne a montré que le climat économique dans la zone euro s’est inscrit en légère baisse au mois de mars. Certes, rien de dramatique pour le moment mais c’est une preuve que les données négatives aux Etats-Unis commencent à ébranler l’économie de la zone euro.
Les Etats-Unis semblent désormais sur le point d’entrer en récession. En effet, la crise immobilière et financière commence à se répandre dans le reste de l’économie ce qui va conduire le FMI à revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour 2008 et 2009. Même Ben Bernanke ne peut plus le nier. Il commence à infléchir son discours prudemment afin de ne pas paniquer les marchés et commence à envisager la possibilité d’une récession aux Etats-Unis.
Sur le moyen terme, le dollar devrait souffrir d’une rumeur qui se fait de plus en plus pressante. Les pays membres du Conseil de Coopération du Golfe s’apprêteraient en effet à réévaluer leur monnaie, dont le taux de change est fixe avec le dollar, d’environ 15% d’ici trois mois. Une telle mesure, crédible en raison du poids économique que ces pays obtiennent grâce à la bulle des matières premières, pourrait porter un coup violent au dollar.
Cependant, sur le court terme, le dollar devrait tirer profit sur le Forex d’une injection de 50 000 milliards de dollars par le Fed lundi 7 avril, injection qui sera suivie par une autre dans une semaine. Ainsi, le dollar devrait au moins se maintenir face aux autres devises.