Non, il n’est pas question de l’agitation internationale et des appels au boycott suite à la répression chinoise au Tibet. Du moins, pas ici.
Il est question de la monnaie chinoise. Nombre d’économistes, s’ils ne parlent pas de découplage, évoquent unanimement l’impact limité que devrait avoir la récession aux Etats-Unis sur l’économie asiatique en saluant haut et fort la vitalité de l’économie chinoise, mais aussi indienne, qui pallie la baisse de la demande américaine et tire vers le haut les indicateurs de croissance.
En effet, la croissance en Asie a de quoi faire pâlir les gouvernements occidentaux. Au lieu des 11,4% de croissance du PIB enregistrés en 2007, la Chine devrait se contenter de seulement 10% cette année en raison de l’impact de la crise financière. En d’autres termes, un niveau qui peut rendre jaloux la zone euro.
La vitalité et la confiance dans l’économie chinoise est telle que les habitants de Hongkong, dont la monnaie est indexée sur le dollar américain, se précipitent dans les banques de Shenzhen afin d’ouvrir des comptes en yuans pour placer leurs économies.
Anecdotique certes, mais révélateur de la défiance croissante dans la devise américaine.
Cependant, la Chine, et plus généralement l’Asie, n’est pas épargnée en tant que pays en voie de développement par la crise alimentaire mondiale caractérisée par la hausse brutale des prix du riz qui a déjà provoqué des émeutes violentes à Haïti ou au Sénégal.
C’est là qu’intervient la devise chinoise. Certes, la Chine résiste très bien à la crise des subprimes et ses conséquences mais elle subit de plein fouet une inflation galopante. Le taux de change fixe, puis lentement croissant, du yuan face au dollar a permis d’accroître la compétitivité des entreprises chinoises. Mais, plus le pays s’enrichissait, plus sa monnaie était sous-évaluée. Afin d’empêcher le yuan de s’apprécier trop brutalement face au dollar sur le marché des changes, l’Etat a émis de vastes quantités de monnaie nationale pour racheter les dollars des exportations. En retour, la recours à la planche à billet à tirer les prix vers le haut, jusqu’à atteindre une inflation proche de 10%.
A l’heure actuelle, Pékin est face à un dilemme. Alors que la devise chinoise dépasse le seuil de 7 yuans pour un dollar sur le Forex, le gouvernement doit agir rapidement. Soit il privilégie la croissance au risque de faire face à une agitation sociale, ce qui est peu probable connaissant son appréhension légitime face à un soulèvement populaire qui pourrait renverser le régime. Soit, au contraire, il décide d’apprécier par étape le yuan au risque d’accroître le chômage. En retour, les pressions inflationnistes s’accentueraient aux Etats-Unis et cette appréciation du yuan pourrait encourager d’autres pays dont les monnaies sont indexées au dollar à les réévaluer. Scénario catastrophe sans fin.