Le renforcement impressionnant du dollar sur le marché des changes la semaine dernière n’est pas seulement attribuable à l’anticipation d’une possible pause dans l’assouplissement monétaire suivi par la Réserve Fédérale depuis septembre 2007. Ce renforcement est aussi attribuable à la faiblesse de la monnaie unique européenne mais aussi de la livre sterling, bien que cette dernière résiste mieux face au dollar que l’euro sur le Forex.
Les économies de la zone euro et du Royaume Uni sont dans une phase de ralentissement qui a évidemment des répercussions sur leur monnaie respective. Jeudi dernier, par exemple, l’euro a atteint le plancher de 1,5428 dollar sur le marché des changes, soit son niveau le plus bas depuis le 25 mars dernier. En ce qui concerne la zone euro, les inquiétudes se portent particulièrement sur l’Espagne. Certes, la France et l’Allemagne, dont la baisse de l’indice du climat économique a fait chuter l’euro, ne sont pas mieux loties. Néanmoins, elles semblent encore être capables de résister. En revanche, l’Espagne est moins bien partie.
La croissance économique espagnole est principalement, depuis ces dernières années, le résultat des retombées du secteur du BTP. Cependant, la fin du boom immobilier, résultant en partie seulement de l’impact de la crise des subprimes, a fait plonger les perspectives économiques à un tel point que le nouveau gouvernement issu du PSOE a dû revoir drastiquement à la baisse les perspectives de croissance, passant de 3,1% à 2,3%. Certes, ce chiffre est toujours plus élevé que celui attribué par le FMI à la France.
Cependant, l’inquiétude du nouveau gouvernement résulte de la peur d’un emballement de l’économie sachant que le secteur de l’immobilier fut durant de longues années le soutien de la croissance. Bien que la marge budgétaire ait depuis le début de la crise réduit comme peau de chagrin, Madrid a prévu un plan de relance d’un montant de 18 milliards d’euros sur deux ans, à l’instar du plan Bush lancé peu après son discours sur l’état de l’Union. Cependant, la marge de manœuvre du gouvernement est très faible alors qu’avant le début de l’année, l’Espagne pouvait encore se vanter d’être l’un des rares pays de la zone euro à afficher un excédent budgétaire.
Le Royaume Uni, comme le prouve la sévère défaite du Labour aux municipales, est dans une situation tout aussi tendue, sachant que certains évoquent déjà le mot de récession pour qualifier la crise outre-atlantique. Avec une prévision de croissance qui atteint son plus bas niveau depuis 1992, le gouvernement Brown a une marge de manœuvre très étroite. Cependant, pour l’instant, la livre sterling résiste plutôt bien sur le Forex. Il faudra attendre la prochaine réunion de la Banque d’Angleterre pour confirmer ces dires.