L’euro a terminé la semaine dernière en se reprenant face à la devise américaine sur le marché des changes mais, comme nous l’avions déjà souligné, cette hausse n’est en fait qu’un épiphénomène ne dessinant aucunement une tendance de court terme. Cette hausse ne fut au final que la conséquence du rachat par les traders des euros qu’ils avaient, à tort, vendu en prévision de la conférence de presse de Jean Claude Trichet.
Clairement, les propos du président de la Banque Centrale Européenne n’ont aucunement répondu aux attentes du marché des devises et semblent être déconnectés de la réalité. Certes, il est vraisemblable que la BCE suit sa propre logique centrée sur la pression inflationniste que les chiffres prouvent.
Cependant, les autres indicateurs économiques indiquent une lente, mais certaine, détérioration du climat économique dans la zone euro. Les derniers chiffres sont là pour le prouver. Suivant le scénario allemand, la production industrielle en France a diminué de 0,8% pour le mois de mars après avoir connu une hausse de 0,3% le mois de février.
L’entêtement de la BCE à privilégier l’inflation sur le soutien de la croissance a pour effet de renforcer la reprise du dollar sur le Forex, au détriment de l’euro.
Outre les inquiétudes relatives aux perspectives de croissance dans la zone euro, la devise américaine profite sans l’ombre d’un doute de la reprise de confiance dans le marché américain et par corollaire dans le dollar.
En effet, en dépit des inquiétudes exprimées récemment par Dominique Strauss Kahn lors de la visite à Washington du Premier Ministre François Fillon, les investisseurs croient clairement dans la sortie de crise aux Etats-Unis et le montrent en achetant des dollars. Le rebond inattendu de l’indice ISM pour le mois d’avril, s’établissant à 52%, semble en effet confirmer leur stratégie.
Les cambistes prévoient, dans un tel climat, que la Réserve Fédérale, jugeant que la santé de l’économie américaine s’améliore, va s’attaquer à l’inflation, considérablement alimentée par la hausse vertigineuse des prix du pétrole, en décidant d’opérer une pause dans sa politique de baisse des taux.
Certes, il faut rester prudent. La demande récente de la Fed de pouvoir verser dès cette année des intérêts sur les réserves réglementaires que les banques sont tenues de maintenir rappelle à quel point le secteur bancaire, bien que sorti de l’œil du cyclone, reste encore fragile.
Cependant, la défiance actuelle dans l’économie de la zone euro, qui pourrait affecter lourdement à terme la monnaie unique européenne, est tellement grande que les investisseurs, rassurés par les perspectives outre-atlantique, se replient massivement sur le dollar.