Décidément, la monnaie unique européenne connaît une nouvelle fois une mauvaise semaine sur le marché des changes. Ce matin, dans les échanges asiatiques, l’euro s’est inscrit en dessous de 1,40 dollar suite à la révision à la baisse des perspectives de croissance pour la zone euro. En effet, Bruxelles a revu à la baisse, de plus d’un demi point, sa projection de croissance pour les Vingt-Sept pour 2008. Comme prévu, le Royaume-Uni devrait entrer en récession, ce qui a pesé aujourd’hui sur la livre sterling, mais devrait aussi être rejoint par l’Allemagne, moteur de la zone euro, et l’Espagne. La France devrait en revanche échapper de justesse à la récession et connaître, conformément aux dires de Christine Lagarde, une croissance de 1%.
Par ailleurs, grâce aux déboires de Lehman Brothers et à l’annonce d’une récession devant toucher de nombreux pays européens, le yen a évidemment tiré confortablement son épingle du jeu, forçant notamment le seuil des 150 yens face à la devise de la zone euro. Face au dollar, la performance de la devise nippone est plus limitée en raison du renforcement général de la devise américaine depuis plusieurs semaines. Le sommet historique du yen face au dollar date du 19 avril 1995, à 79,75 yens pour un dollar, ce qui avait alors aggravé la situation au Japon alors que l’économie subissait les répercussions de l’éclatement de la bulle spéculative immobilière des années 80.
Jusqu’à présent, la devise nippone souffrait du carry trade mais en raison de l’accroissement des inquiétudes à l’échelle internationale, les investisseurs du marché des changes cherchent à limiter leur exposition au risque. Par conséquent, ils cherchent à se débarrasser de leurs monnaies « fortes », notamment les dollars australiens et néo-zélandais, afin de les convertir dans des monnaies « faibles », comme le yen, dont la valeur augmente en même temps que la demande. La décision de la banque centrale néo-zélandaise de baisser son taux de 0,5 point de pourcentage a évidemment accentué ce mouvement.