La semaine a commencé un peu en trompe l’œil sur le marché des changes. En effet, le sommet du G20, qui a eu au moins le mérite d’intégrer les pays émergents à cette réunion internationale, n’a abouti évidemment à aucune décision. L’absence du nouveau président américain, Barack Obama, a certainement contribué à ce mini échec mais pas seulement.
Le fait est que ce sommet, tout comme le sommet du G4 il y a déjà quelques semaines, n’a pas eu d’impact sur le marché des changes. En fait, depuis quelques semaines, les grandes tendances observées par les analystes semblent se confirmer. En effet, il s’agit tout d’abord d’une forte aversion pour le risque des cambistes ce qui les poussent à se replier sur les valeurs refuges, faisant du yen et du dollar les nouvelles stars du marché des changes. En effet, en dépit d’une détérioration de la situation économie au Japon et aux Etats-Unis, ces deux pays étant entrés en récession, le dollar et le yen connaissent un raffermissement spectaculaire face aux autres devises. Bien sûr, l’accumulation de mauvaises nouvelles outre atlantique, notamment les chiffres du chômage vendredi qui ont montré une forte détérioration du marché de l’emploi, peuvent peser sur le dollar et favoriser la monnaie unique européenne de manière sporadique. Toutefois, la tendance de fond est à un raffermissement du dollar qui, semble-t-il, met un terme à un cycle baissier de plus de six ans de la devise américaine. Il est d’ailleurs probable qu’une faillite éventuelle d’un des trois grands constructeurs automobiles puisse encore plus avantager le dollar. En effet, en dépit des appels de General Motors, Ford et Chrysler, le Congrès semble réticent à voter un plan de soutien ce qui pourrait entraîner la faillite d’une des sociétés, accentuant fortement l’aversion pour le risque sur le marché des changes.
A l’inverse du dollar, la monnaie unique européenne s’enfonce dans la déprime. En effet, d’après un panel de soixante experts de l’agence Reuters, un rebond de l’euro n’est pas envisagé sur le moyen terme. Outre la récession dans l’euroland, l’euro doit faire face à un creusement de son déficit commercial qui devrait peser à terme sur son taux de change. Par ailleurs, les tensions inflationnistes persistantes en Allemagne font craindre à certains traders que la Banque Centrale Européenne utilise cette excuse pour repousser une éventuelle baisse des taux lors de sa réunion du 4 décembre.
Enfin, le franc suisse, qui avait un temps retrouvé des couleurs à la faveur du débouclage des positions de carry trade, s’enfonce de nouveau face aux autres devises. La baisse inattendue des taux par la BNS cette semaine a en effet fait plonger le franc suisse face au yen et au dollar, soulignant à quel point l’environnement économique helvétique s’est détérioré. Bien que la Suisse connaisse encore un excédent commercial confortable, contrairement à de nombreux pays de l’euroland, ses performances extérieures s’effondrent avec un premier reflux des exportations depuis six mois, ce qui a incité la banque centrale à opter pour un traitement de choc.