En regardant une mappemonde, l’horizon s’obscurcit rapidement. En effet, la zone euro est en récession, tout comme la première économie mondiale et, vendredi dernier, les médias se sont largement fait l’écho de l’entrée officielle en récession du Royaume Uni. Les devises de la zone euro mais également la livre sterling et les devises émergentes, comme le rouble, sont en chute libre depuis des semaines sur le marché des changes alors que les investisseurs, en mal de valeurs sûres, se rabattent massivement sur le dollar et le yen. Seuls le real brésilien, qui semble avoir retrouvé un semblant de stabilité après avoir perdu un tiers de sa valeur depuis mi-2008, et le shekel paraissent encore faire front parmi les devises émergentes.
En effet, en dépit de la riposte de Tsahal dans la bande de Gaza, qui a eu un coût financier conséquent et qui a poussé à la baisse le shekel, la devise israélienne se porte toujours plutôt bien sur le marché des changes. Pourtant, dieu sait que la banque centrale israélienne est engagée depuis le printemps 2008 dans une phase de baisse du shekel afin de faire face à la crise économique mondiale. En effet, depuis mai 2008, la banque centrale a décidé de suivre une politique monétaire d’austérité consistant à faire baisser le shekel. Cette politique a eu pour conséquence de faire considérablement augmenter les réserves de change de la banque centrale israélienne qui a réussi à amasser plus de 12 milliards de dollars en l’espace de huit mois. Ainsi, cette forte remontée en 2008 devrait placer Israël parmi les vingt premières réserves de change au monde alors qu’elle occupait auparavant la 32ème place.
En dépit de cette politique, le shekel affiche toujours une très bonne santé sur le marché des devises et les entrepreneurs israéliens ne cessent de militer pour une baisse plus agressive de la monnaie israélienne. Le directeur de Motorola, Elisha Yanaï, s’est fait le porte parole de telles attentes en appelant le 22 janvier à faire chuter « artificiellement et agressivement » le shekel face au dollar, quitte à fixer le billet vert à 4,5 shekels. Une telle baisse aurait pour objectif de redresser l’économie israélienne qui, d’après UBS, devrait afficher son plus bas taux de croissance depuis près de sept ans en 2009. Toutefois, la banque estime dans ses prévisions qu’un risque de récession est d’avance exclu en Israël même si l’impact de la récession mondiale devrait se faire sentir sur le marché local. A raison d’ailleurs puisque le journal économique The Marker a estimé à 23 000 le nombre d’israéliens qui ont perdu leur emploi depuis le mois de septembre.
Si une baisse plus accentuée du shekel semble être appelée des vœux de tous, les faits montrent un renforcement depuis le début d’année de la monnaie israélienne face au dollar et à l’euro. Dans ces conditions, la banque centrale devrait de nouveau intervenir sur le marché des changes et, dès que la pression à la baisse sur le shekel disparaîtra, la devise devrait se renforcer considérablement face à la monnaie américaine, par effet élastique.