L’actuelle crise économique, si elle a effectivement ébranlé sérieusement les fondements de la puissance économique des Etats-Unis, n’a pas en tout cas entamer la solidité du dollar sur la scène internationale. Au contraire même, grâce à la crise économique, la devise américaine semble retrouvée une suprématie sur le marché des changes qu’aucune autre devise, même pas le yen, ne semble en mesure de lui contester pour le moment.
Quelques chiffres à l’appui : depuis le mois de juillet dernier, le dollar s’est apprécié de presque 25% face à la monnaie unique européenne et de plus de 20% face aux six devises principales, à savoir l’euro, la livre sterling, le yen, le dollar canadien, le franc suisse et la couronne suédoise.
Pourtant, à y regarder de plus près, l’environnement économique outre atlantique n’est pas exempt d’inquiétudes. Le débat sur une éventuelle nationalisation des banques touchées par la crise, qui a affaibli momentanément le dollar sur le marché, a laissé entendre aux investisseurs que la situation du système bancaire américain pourrait être pire que prévu. Toutefois, ces chocs de courte durée n’affectent pas la tendance générale du marché qui consiste tout simplement en un repli sur les valeurs jugées sûres.
Evidemment, qui dit aversion pour le risque, dit gain pour le yen. Pour autant, il semblerait que le roi ait été détrôné à raison de l’usure du temps. En effet, le yen ne cesse de baisser sur le marché des changes face au dollar et même à l’euro depuis le début de l’année. Certes, certains y voient, probablement à juste titre, la main de la puissante banque centrale japonaise. Pour autant, même si Tokyo se réjouit de la baisse du yen, force est de constater que la devise nippone a perdu son statut de monnaie refuge en temps de crise. La série noire statistique qui a début depuis quelques semaines a fini de convaincre les investisseurs que le yen n’est peut être pas un placement aussi sûr qu’il semblait l’être il y a encore quelques mois. Les chiffres calamiteux des exportions de l’archipel et l’annonce du plus important recul du PIB japonais depuis 1974 le 16 février dernier ont fait perdre au yen près de 5% de sa valeur face au dollar sur le marché des changes.
Ainsi, débarrassé du yen, le dollar peut trôner fièrement comme première monnaie de réserve et de transaction mondiale, faisant fi, du moins pour le moment, de l’augmentation incroyable de la taille du bilan de la Fed et de l’intensification de l’émission de bons du Trésor.