La Chine avait déjà créé la surprise à quelques jours du sommet du G20 à Londres en se prononçant clairement en faveur d’une devise internationale de substitution, apte à remplacer le dollar. Depuis, l’Empire du Milieu a joué plutôt profil bas dans le domaine, ayant déjà assez à faire avec les répercussions de la crise économique à l’intérieur de ses frontières. Même si les spécialistes anticipent une reprise de l’économie chinoise d’ici à la fin de l’année 2009, celle-ci n’est pas totalement assurée. Les dirigeants de Pékin anticipent notamment un regain de l’inflation dans les mois à venir, regain qui semble contredit, du moins en ce qui concerne la zone euro, par une stabilisation de celle-ci en avril.
Cherchant à se prémunir contre les risques éventuels d’une hausse de l’inflation et afin de diversifier un peu ses avoirs, la Chine a fait preuve, depuis plusieurs années, d’un regain d’intérêt pour l’or, souvent décrit comme l’ultime valeur refuge en temps de crise. Cet intérêt n’est pas seulement lié à la crise puisque les réserves d’or de la Chine ont commencé à croître depuis plusieurs années. Ainsi, en l’espace de six ans, celles-ci ont crû de 75%. Ce regain d’intérêt de la part de Pékin est évidemment bien perçu par les investisseurs. Pour autant, l’enthousiasme constaté doit être relativisé.
Si Pékin semble en effet chercher à diversifier ses avoir, voyant l’inflation montrer le bout de son nez et la devise américaine filer sur le marché des changes, l’or ne représente pour l’instant que 1,6% des réserves du pays, soit bien en dessous de la plupart des autres pays dont les réserves se montent à environ 10%.
Finançant largement le déficit budgétaire américain, les Chinois ont, jusqu’à très récemment, misé sur le dollar. Ainsi, sur les 2000 milliards détenus par la Chine, 1400 sont libellés en dollar américain.
Bien que la Chine semble décider à diversifier ses actifs, notamment en misant éventuellement légèrement plus sur l’euro, l’Empire du Milieu ne semble pas prêt à se ruer sur l’or comme le prédisent certains analystes. D’abord, un obstacle de taille se présente: en effet, pour pouvoir rattraper les autres pays, la Chine devrait réussir à se procurer l’équivalent de dix neuf mois de production mondiale d’or ce qui semble difficilement envisageable. Toutefois, si cela s’avérait possible, le risque serait alors de provoquer une flambée des cours.
Sachant que les Etats-Unis détiennent le plus grand stock d’or au monde, 80% de leurs réserves étant en or, une telle hausse des cours de l’once sur le marché aurait pour conséquence d’enrichir significativement les Etats-Unis, du moins sur le papier. D’après certains calculs, il suffirait simplement que le prix de l’once soit multiplié par dix pour annuler théoriquement la dette extérieure américaine.
Ainsi, les autorités chinoises n’auraient plus réellement de moyens de pression sur les Etats-Unis et des sujets délicats, jusque là soigneusement évités, comme les Droits de l’Homme, le Tibet ou encore Taïwan auraient tout loisir de revenir sur l’agenda diplomatique commun des Etats-Unis et de la Chine.