Le marché des changes a connu un petit coup de froid en début de semaine avec le décrochage spectaculaire des bourses asiatiques qui ont emporté dans leur sillage les autres places financières mondiales, les cours du pétrole et la plupart des devises. Avec une chute de de près de 5,79% lors de la séance de lundi, la Bourse de Shanghai a ouvert le bal. Cependant, c’est par elle que le rebond des marchés a également eu lieu. Le regain soudain d’inquiétudes des investisseurs a poussé à la baisse la plupart des devises du marché des changes, notamment l’euro, les dollars australien et canadien et le shekel. Le dollar et le yen, considérés comme valeurs refuge, en ont profité pour accumuler les gains mais ces derniers n’ont pas fait long feu et ont rapidement fondu à partir de mercredi. La lune de miel fut brève pour le dollar et le yen.
En effet, les bourses, notamment celle de Shanghai, se sont redressées à partir de mercredi. Jeudi la Bourse de Shanghai avait repris sa hausse, clôturant en progression de 4,52%. Les investisseurs ont en fait rapidement repris confiance, ce qui a permis aux devises jugées à risque de reprendre l’ascendant sur le dollar et le yen. Les indicateurs macroéconomiques positifs et rassurants ce sont en fait succéder tout au long de la semaine : l’indice ZEW, qui a enregistré un rebond de 16,6 points, prenant de court les analystes, a ouvert le bal. La fin de semaine fut marquée par un net rebond de l’activité dans la zone euro puisque l’indice PMI a atteint son plus haut niveau depuis quinze mois. Cette annonce a poussé les investisseurs du marché des changes à acheter à tout va des euros, poussant ainsi la monnaie unique européenne au dessus de 1,43 dollar. Les cambistes se sont même risqués à avancer la reprise de l’activité dans la zone euro au troisième trimestre alors que la Banque Centrale Européenne table plutôt sur le deuxième trimestre de l’année prochaine. L’enthousiasme fut en tout cas contagieux puisque le pétrole a atteint son plus haut niveau depuis le mois d’octobre vendredi et le CAC 40 a touché un plus haut depuis le mois de janvier, à 3557 points.
Au delà de l’enthousiasme du moment, il convient d’avoir une approche un peu plus nuancée de l’état de l’économie mondiale. Certes, comme l’a souligné cette semaine le Fonds Monétaire International, la reprise est en bonne voie mais celle-ci devrait se faire lentement. La zone euro devrait être notamment confrontée à d’importantes disparités entre les Etats-Membres, certains, à l’instar de la France et de l’Allemagne, renouant rapidement avec la croissance tandis que d’autres, comme l’Espagne ou les Pays-Bas, se débattant encore avec les effets de la récession. La période qui se présente aux investisseurs est particulièrement compliquée puisque l’économie commence seulement à sortir de la crise. Par conséquent, les indicateurs contradictoires devraient se succéder dans les mois à venir, pouvant éventuellement accroître la volatilité du marché des changes. La publication en début de semaine des chiffres du BTP américain illustre justement ce phénomène. Toutefois, à long terme, comme l’a rappelé Warren Buffett, le dollar devrait nettement s’affaiblir du fait de la sortie de crise.