Le profit surprise du géant américain de l’aluminium, Alcoa, a donné un nouveau souffle au cours des matières premières et des devises liées à celles-ci. Ainsi, l’or a grimpé à 1045,95 dollars l’once vendredi contre 1045 dollars la veille au fixing à Londres. Selon l’investisseur Jim Rogers, ancien partenaire de George Soros, l’once d’or pourrait grimper à 2000 dollars d’ici à dix ans. Pour soutenir ses prévisions, il a notamment mis en avant la défiance croissante envers le billet vert : « le dollar est une devise imparfaite » et « la dette américaine qui est détenue à l’extérieur du pays progresse rapidement chaque année et je ne pense pas que Washington s’en inquiète ». Dans ce contexte de repli sur les matières premières, le rand sud-africain a atteint un nouveau record face au dollar, à 7,30 rands pour un dollar.
La devise américaine a repris aujourd’hui un peu de terrain sur la monnaie unique européenne à la faveur des propos tenus hier par le président de la Fed, Ben Bernanke. Ce dernier a en effet souligné qu’il est prêt à remonter les taux d’intérêt dès que la situation économique le permettra. Dernièrement, Ben Bernanke s’était plutôt contenté de souligner que les taux resteraient relativement bas pendant encore longtemps. En dépit de cette bonne nouvelle pour le dollar, puisque son rendement pourrait alors augmenter, ses gains furent limités sur le marché des changes. Les investisseurs ne croient pas encore que la Fed soit dans la perspective d’un redressement monétaire.
La faiblesse du billet vert pose en tout cas problème aux principaux partenaires des Etats-Unis. Ainsi, hier, une coalition de pays asiatiques a décidé d’intervenir sur le marché des devises afin de défendre leurs monnaies. Les banques centrales de Corée, de Thaïlande, de Taïwan, des Philippines, d’Indonésie et de Hong Kong se sont discrètement concertées afin d’acheter hier plusieurs centaines de millions de dollars. D’après les traders, la Corée du Sud serait intervenue le plus massivement en rachetant jusqu’à un milliard de dollars. L’indonésie aurait racheté pour 350 millions de dollars tandis que les Philippines se seraient contentés de 100 millions. A l’exception de la banque centrale thaïlandaise, les autres banques centrales se sont refusées à commenter ces interventions. Elles soulignent en tout cas à quel point la dépréciation du billet vert rencontre l’opposition des principales banques centrales.