Nouveau coup de semonce contre les traders! Considérés comme responsables de la crise par les responsables politiques, les traders ont été jetés à la vindicte populaire lors du dernier sommet du G20 où a été abordée la rémunération de ces derniers.
Suivant les engagements pris lors de ce sommet international à Pittsburgh en septembre dernier, les banques centrales ont rappelé dernièrement les nouvelles règles décidées, c’est à -dire l’ étalement des bonus dans le temps, le malus en cas de contre-performance et le versement en partie en actions des bonus. La semaine dernière, la Réserve Fédérale a annoncé dans un communiqué que les institutions financières doivent veiller à limiter les bonus, à défaut de quoi la banque centrale pourrait sévir. Une directive devrait dans quelques semaines encadrée la rémunération des traders outre-Atlantique. La charge n’a pas cessé puisqu’hier, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, qui va être reconduit dans ses fonctions dans quelques jours, a lui aussi rappelé aux banques qu’elles doivent veiller à limiter les bonus accordés. Dans un entretien, il a précisé que les banques devraient plutôt épargner l’argent gagné lors des derniers trimestres afin de renforcer leur trésorerie plutôt que de verser des bonus dispendieux.
La réaction des banques centrales n’est pas une surprise. La plupart des banques ont renoué avec les bénéfices au troisième trimestre et, pour reprendre l’expression de Christian Noyer, elles semblent aussi avoir renoué avec des « pratiques de prises de risque qui rappellent celles ayant mené à la crise ». Par cela, il faut notamment entendre les bonus attribués aux traders. Ainsi, le Wall Street Journal a révélé dernièrement que les 23 institutions financières les plus puissantes des Etats-Unis prévoient de distribuer 140 milliards de dollars de rémunération à leurs salariés. Parmi ces institutions, la banque Goldman Sachs qui a annoncé simultanément le remboursement de 10 milliards de dollars de fonds publics et le versement de 16,8 milliards de dollars de bonus à ses employés.
De tels chiffres ont évidemment tôt fait d’attiser le mécontentement des responsables politiques et de justifier, a posteriori, la chasse aux sorcières contre les traders. Cependant, même si de telles rémunérations peuvent sembler indécentes, surtout en période de crise économique, il est trop aisé d’accuser les traders d’être à l’origine de la crise actuelle. Certes, comme le rappelle le professeur et ancien trader Thami Kabbaj, auteur de Psychologie des grands traders, les traders ont « clairement contribué à la formation d’une bulle » mais ils ne sont pas pour autant « à l’origine de la faillite du système ». L’origine de la crise est que l’épargne du monde entier a été investie majoritairement outre-Atlantique et que, par un système vicieux, cette épargne a été prêtée à des personnes non solvables.
Il ne faut pas oublier non plus, comme le rappelle T. Kabbaj, que, bien que décriés, les traders ont aussi une utilité dans l’économie. Ce ne sont pas que des spéculateurs avides de bénéfices. En effet, les traders ont deux fonctions principales : d’une part, ils apportent de la liquidité aux marchés, et d’autre part, ils ont un rôle de couverture en protégeant leurs clients des variations du cours des devises ou des matières premières.
Pour finir, il ne faut pas oublier non plus que nombreux furent les traders qui, du fait de la crise, ont été licenciés. A l’automne 2008, Wall Street n’était plus que l’ombre d’elle-même. Au delà, des quelques cas de traders qui touchent des bonus mirobolants, la grande majorité reçoit une rémunération nettement plus modérée.