La sortie de crise aidant, les opérations de carry trade se sont multipliées depuis quelques semaines. A l’origine, le yen est la devise privilégiée des investisseurs lors de telles opérations en raison des taux d’intérêt très bas pratiqués depuis plusieurs années par la Banque du Japon. C’était cependant sans compter la crise et l’activisme de la Réserve Fédérale qui a baissé son principal taux d’intérêt à 0%. Avec un tel rendement, le dollar a pris la place de la monnaie nippone dans le coeur des investisseurs. Sachant que la crise n’est pas encore totalement dénouée outre-Atlantique, comme l’a démontré la faillite de la banque CIT, les analystes s’attendent à ce que les taux restent encore très longtemps aussi bas. La réunion de la Fed qui commence aujourd’hui ne réserve donc aucune surprise à ce niveau là.
Par conséquent, les opérations de carry trade contre le dollar devraient encore s’amplifier les mois qui viennent, accentuées par la remontée des taux dans plusieurs pays, notamment en Australie et en Norvège. Un fossé se creuse donc entre les banques centrales, propice à des investissements fructueux. En effet, il devient de plus en plus intéressant pour les investisseurs de s’endetter en dollars à taux zéro pour placer aussitôt les montants récoltés dans une devise à fort rendement comme le real brésilien, qui offre 7%, ou encore la lire turque, le rand sud africain, le florin hongrois, le dollar australien et j’en passe. La liste est en effet assez longue.
Le dollar australien et la couronne norvégienne profitent de la récente hausse des taux décidée par leur banque centrale respective tandis que le florin hongrois, en dépit de la récente baisse de 50 points de base des taux en octobre, offre toujours un rendement de 7%. Idem au Brésil où personne ne croit réellement que le nouvel impôt mis en place par le gouvernement Lula puisse inverser la tendance à la hausse du real. En témoigne d’ailleurs l’expérience thaïlandaise de taxation implicite des investissements de portefeuille en 2007 qui s’est révélée inefficace à influer sur le taux de change du baht.
Le carry trade a donc de beaux jours devant lui. Il constitue certainement une stratégie moins risquée et moins compliquée pour investir sur le marché des changes que d’autres, telle le scalping qui est plutôt réservé à des professionnels expérimentés.