Après les déclarations à l’emporte pièce contre le dollar – une fois il s’agit d’un appel à une diversification des monnaies de réserve internationale, une autre fois il s’agit de l’abandon du dollar pour fixer le prix du baril de pétrole – les pays émergents sont passés à la riposte. Toutefois, la riposte dont il s’agit laisse sceptique les experts.
Celle-ci a été enclenchée il y a près d’un mois par le Brésil. Afin de limiter l’appréciation du real face au billet vert, la devise brésilienne ayant gagné plus de 41,5% face au dollar depuis le mois de mars, le gouvernement Lula a décidé d’imposer une taxe de 2% sur les entrées de capitaux étrangers.
La décision du Brésil a, apparemment, fait des émules puisque la Corée du Sud et la Russie, deux pays dont les économies sont tournées vers l’extérieur, ont annoncé envisager la mise en place de mesures similaires. La banque centrale sud-coréenne a ainsi annoncé un renforcement du contrôle des capitaux qui devrait passer, entre autres, par l’obligation faite aux banques d’investir au moins 2% de leurs avoirs étrangers dans des actifs financiers notés A par les agences de notation. En Russie, un scénario similaire se dessine puisque, la semaine dernière, le patron de la banque centrale, Sergueï Ignatiev fait part de son intention de mettre en place des mesures légères pour mieux contrôler les flux de capitaux.
Un mois après la décision du Brésil, qu’en est-il de l’impact de cette nouvelle taxe? Le real brésilien a continué de s’apprécier mais, comme pourraient le faire remarquer des partisans de la taxe, celle-ci n’est pas efficace immédiatement. Toutefois, la taxe semble insuffisante puisque les investisseurs ont trouvé de nouveaux moyens pour la contourner, en ayant recours aux ADR (American Depositary Receipt). Par conséquent, le Brésil a annoncé la semaine dernière la mise en place d’une seconde taxe sur ces certificats boursiers, qui devrait renforcer l’arsenal du gouvernement pour mieux réguler les flux de capitaux étrangers.
L’expérience brésilienne montre incontestablement les limites de l’imposition d’une taxe pour limiter l’appréciation d’une devise. Les experts font remarquer que seul un changement de la politique monétaire américaine pourrait inverser la tendance actuelle. Cependant, comme l’a fait remarquer l’OCDE, aucun changement en la matière n’est attendu avant au moins la fin de l’année 2010, voire le début de l’année 2011.