La monnaie unique européenne ainsi que la plupart des devises jugées à risque continuaient de perdre du terrain aujourd’hui, poussées par la chute des marchés actions en raison des craintes croissantes concernant la capacité de l’émirat de Dubaï à honorer sa dette.
Les marchés financiers devraient mettre plusieurs jours à se remettre de cette annonce qui porte un coup rude à la reprise de l’activité économique mondiale. Les investisseurs se sont massivement repliés sur les valeurs refuge, en premier lieu le yen et le dollar.
Les analystes du marché des changes s’attendent à ce que l’annonce par Dubaï World, le fond d’investissement de l’émirat, d’un moratoire de six mois oncernant le remboursement de sa dette de 60 milliards de dollars ait un impact encore considérable sur l’évolution des actions et des devises au début de la semaine prochaine. Ils s’attendent notamment à ce que les marchés américains, qui sont fermés en raison du week-end prolongé de Thanksgiving, accusent difficilement le coup.
Les investisseurs se sont massivement repliés depuis deux jours sur le yen, inquiétant encore un peu plus les autorités japonaises. Ainsi, le dollar a connu un plus bas niveau depuis quatorze ans face au yen lors de la séance d’hier, poussant le ministre des Finances japonais, Hirohisa Fujii, a publiquement s’inquiéter de l’appréciation du yen face au dollar, la qualifiant de « mauvaise » pour l’économie nippone. Cette mise en garde des autorités japonaises a ravivé les spéculations autour d’une intervention de la banque centrale japonaise sur le marché monétaire, cette dernière n’étant plus intervenue depuis 2004.
En dépit du regain d’aversion pour le risque sur les marchés, les cambistes se sont peu repliés sur le dollar, toujours pénalisé par l’anticipation de taux relativement bas sur la longue durée aux Etats-Unis. Cette méfiance vis à vis du billet vert a d’ailleurs pris une autre tournure avec l’annonce de la Banque de Russie de son intention de diversifier ses devises, notamment en ayant recours au dollar canadien.
Enfin, une autre mauvaise nouvelle a mis à mal les marchés financiers puisque le Vietnam a annoncé une dévaluation de près de 5% du dong, la devise nationale. Outre cette mesure, le Vietnam envisage de relever ses taux d’intérêt et de demander aux principaux exportateurs de vendre des devises étrangères à la banque centrale afin d’enrayer la chute du dong. La variation par rapport au dollar du dong devrait passer de 5 à 3% au-dessus et en dessous d’un point défini quotidiennement par la banque centrale. L’évolution du dong contraste depuis plusieurs mois avec l’évolution des principales devises des pays émergents. Ces derniers, à l’instar du Brésil et de Taïwan, ont parfois été obligés d’imposer des restrictions sur les flux de capitaux afin d’enrayer l’appréciation de leur devise.